Le fondateur et principal actionnaire de l’entreprise pharmaceutique liégeoise semble soudainement passionné par le marché d’actions. Rarement mentionné par le passé dans le registre officiel des transactions de dirigeants, François Fornieri y apparaît désormais à intervalles (très) réguliers. Inquiété par la justice dans le cadre d’un délit boursier, l’homme d’affaires wallon poursuit son délestage de titres depuis maintenant deux mois.
Un vrai feuilleton boursier. Au lendemain du signalement de son passage sur le marché pour céder une petite soixantaine de milliers de titres Mithra contre 1,39 million d’euros, voilà déjà de nouvelles publications de transactions signées Fornieri dans l’inventaire de la FSMA.
Il y apparaît que Francesco Fornieri de son vrai nom maintient sa position vendeuse à l’égard des actions du fleuron biopharma wallon qu’il a cofondé et dont il est toujours administrateur non-exécutif. Il a effectué sept opérations de cession récentes entre le 23 et le 31 mai dernier.
Les prix obtenus pour ses titres varient entre 23,35 et 23,73 euros l’unité. L’ensemble des paquets vendus représentent un total de 91.500 actions Mithra et un montant cumulé de 2,25 millions d’euros.
Une fréquence inhabituelle
Généralement, l’entrepreneur liégeois ne se montre pas aussi actif en Bourse. En 2020, François Fornieri est intervenu moins de dix fois sur toute l’année. Mais désormais, le principal détenteur d’actions Mithra réalise des transactions à intervalles réguliers depuis deux mois. Pour dégager du cash en vue de financer d’autres projets et diversifier son portefeuille, laisse entendre l’intéressé. Depuis le 1er avril, il a ainsi encaissé plus de 12 millions d’euros en se délestant de ses parts.
Le timing pour cette soudaine hyperactivité boursière alimente certaines interrogations. D’abord quant à l’impact sur le cours de l’action Mithra. Faut-il craindre un ‘effet Fornieri’ et en percevoir les prémices dans les dernières inflexions de la courbe de prix? Faut-il y voir un éventuel message quant au potentiel de hausse alors que les bonnes nouvelles pour l’entreprise ont semblé se succéder? On dit souvent dans les cercles financiers qu’on sait pourquoi un (ex-)CEO achète mais on doit deviner pourquoi il vend vraiment.
Et l’homme d’affaires liégeois a encore des volumes à écouler s’il le souhaite, lui qui était crédité de 27% du capita au début du mois de mai. Rien que la politique de rémunération de Mithra lui a permis d’utiliser 1,2 million de warrants le 6 mai dernier, libérant ainsi un nombre équivalent d’actions au prix bradé de 3,42 euros. L’actionnaire-fondateur pourrait encore dégager des dizaines de millions en profitant seulement de ces produits financiers.
Démêlés judiciaires
Naturellement, l’ironie du calendrier choisi par François Fornieri pour exercer en toute liberté ses droits sur le marché d’actions soulève d’autres questions. Pour mémoire, il a été inculpé fin avril pour délit d’initié sur fond de présomption de blanchiment de capitaux.
Mais il est long le temps de la justice. Et une entreprise pharmaceutique, ça reste un ‘marathon business’. Son fondateur a déjà démontré son endurance et il dispose encore de réserves…
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