« Les familles économiseraient des centaines d’euros sur leurs factures d’énergie si nous supprimions l’heure d’hiver »

Le passage de l’heure d’été à celle d’hiver est imminent. Dans la nuit de samedi à dimanche prochain, nous allons une fois de plus reculer l’horloge d’une heure. En 2018 déjà, la Commission européenne avait fait une proposition officielle au Parlement européen pour mettre fin au décalage de l’horloge, mais rien n’en est encore sorti. Pourtant, elle serait pertinente en ce moment : selon le calcul d’un expert de la Queen’s University Belfast, nous consommerions jusqu’à 10% d’électricité en moins si nous restions à l’heure d’été, et les économies sur les factures d’énergie des ménages pourraient se chiffrer en centaines d’euros.

La demande d’énergie le soir atteint son maximum entre 17 et 19 heures en hiver, lorsque le soleil est déjà couché. Si nous ne reculons pas l’heure, nous pourrions profiter plus longtemps de la lumière du jour, et nous économiserions de l’énergie. Le professeur Aoife Foley a calculé que les courbes de demande d’énergie de pointe du soir pourraient baisser de 10%, même si la consommation industrielle était incluse. Pour les ménages, les économies pourraient se chiffrer en centaines d’euros.

De manière quelque peu ironique, nous devons le régime actuel de l’heure d’été à une … crise énergétique. En 1977, lorsque le système actuel a été introduit, c’était à cause de la crise pétrolière de 1973. En faisant coïncider davantage les heures d’ensoleillement avec les habitudes de vie des gens, on espérait économiser de l’énergie.

Déjà en 2018, nous allions l’abolir

Entretemps, l’argument énergétique de l’époque a déjà été démystifié. Plusieurs études ont montré qu’aucune économie n’est réalisée et que l’introduction de l’heure d’été a une foule de conséquences négatives. Les gens semblent avoir du mal à s’adapter aux changements du rythme quotidien, et des études ont déjà montré qu’elle provoque de la fatigue et des problèmes de sommeil chez de nombreuses personnes et qu’elle réduit la productivité du travail.

Le 8 février 2018, le Parlement européen a voté pour demander à la Commission européenne de réévaluer l’heure d’été en Europe. Un sondage en ligne, auquel 4,6 millions de citoyens européens ont participé, a montré un fort soutien pour le fait de ne plus changer d’heure deux fois par an. La Commission européenne a décidé le 12 septembre 2018 de proposer la fin des changements d’heure saisonniers.

Mais quelle est l’heure normale ? L’Europe est divisée

Selon la proposition, les États membres devaient décider avant le 31 mars 2019 de l’heure à observer tout au long de l’année. Mais une réunion informelle des ministres des Transports de l’UE le 29 octobre 2018 a montré que de nombreux États membres ne soutiendraient pas ce calendrier « irréaliste » et que la mise en œuvre pourrait être reportée à 2021. Cela ne s’est pas produit, et entretemps, il n’y a guère eu de progrès.

L’un des problèmes est que si les États membres sont d’accord pour abolir le changement d’heure, ils ne sont pas d’accord sur l’heure qui doit devenir l’heure normale. La Belgique, le Danemark, les Pays-Bas et la Finlande, par exemple, veulent une heure d’hiver permanente. Le Portugal, l’Allemagne, la France et la Pologne se prononcent ouvertement en faveur d’une heure d’été permanente. En Espagne, ils n’ont pas encore décidé. Et en Italie, ils veulent que les choses restent en l’état, bien que là aussi, des voix s’élèvent pour demander le passage à une heure d’été permanente comme arme possible contre les prix élevés de l’énergie.

(CP)

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