L’Europe va-t-elle se reposer sur ses lauriers? Alors que la situation du gaz s’est améliorée, voici les risques qu’on pourrait vite oublier

Réserves remplies, prix en chute… La situation du gaz en Europe semble aujourd’hui bien plus confortable qu’il y a quelques mois. Le temps chaud de ces derniers jours donne un coup de pouce supplémentaire à la baisse du prix et pourrait nous faire oublier que certains risques planent toujours à l’horizon.

Pourquoi est-ce important ?

L'approvisionnement en gaz de l'Europe pour cet hiver semble aujourd'hui assuré. Pour l'hiver 2023, cela a d'ores et déjà l'air plus compliqué. Certains risques peuvent même intervenir plus tôt.

Dans l’actualité : Une situation favorable…

  • Le prix du gaz est redescendu de son niveau élevé provoqué dans un premier temps par la guerre en Ukraine, puis par l’annonce de la fermeture de Nord Stream I (pic de 349 euros le MWh le 26 août). Au début de cette semaine, il est passé en dessous de 100 euros, et se trouve actuellement à 109.
  • En début de semaine, le prix spot, c’est-à-dire le prix pour un contrat de vente immédiat, est même devenu négatif, tellement la demande était faible.
  • La météo particulièrement chaude pour la saison entraîne, en partie, la baisse du prix.
  • Le fait que les réserves de gaz européennes soient très remplies, à hauteur de 94%, joue aussi sur la baisse du prix du gaz.
  • Un rendement élevé de la part des éoliennes pousse aussi le prix du gaz vers le bas.

L’essentiel : …mais gare à crier victoire trop tôt. Les risques n’ont pas disparu.

  • Malgré cette situation où les choses semblent être rentrées dans l’ordre, les risques pour l’approvisionnement européen persistent.

« La tentation en Europe sera de pousser un soupir de soulagement et de reconnaître le dur travail et les décisions difficiles sur la demande et l’offre qui ont été prises. Cependant, une série de facteurs – de l’augmentation potentielle de la demande asiatique de GNL au manque d’installations de regazéification en Europe – signifie que les décideurs pourraient ressentir la pression plutôt tôt que tard. »

Nikoline Bromander, analyste pour Rystad Energy, dans un rapport consulté par CNBC.

La Chine, la grande inconnue

  • Un des grands risques pourrait venir de Chine. La Chine suit actuellement encore la stratégie draconienne du zéro-covid et confine régulièrement des zones entières. Cela a un impact sur l’activité économique du pays. Ainsi, si cette politique venait à prendre fin et que l’activité reprenait de plus belle, il y aurait une forte augmentation de la demande de gaz sur le marché mondiale, par le biais de la Chine.
    • Le pays serait alors en concurrence avec l’Europe, ce qui ferait augmenter les prix.

Une fin d’hiver froide et le gaz russe

  • Henning Gloystein, spécialiste de l’énergie pour Eurasia Group, cité par CNBC, avertit que des difficultés pourraient apparaître à la fin de l’hiver, alors que les réserves se vident.
  • « Étant donné qu’il n’y a pratiquement pas de gaz russe disponible en Europe, l’offre est serrée. Dès qu’il fera froid, les stocks diminueront. S’il y a une vague de froid à la fin de l’hiver alors que les stocks ont été réduits, les choses pourraient se resserrer au début de 2023, ce qui signifierait une possible flambée des prix et des pénuries d’énergie potentielles », explique-t-il.
    • C’est pour cela qu’il est important de continuer à faire des économies, souligne-t-il.
  • Cette fin du gaz russe et l’impact futur sur les prix du gaz est un constat que partage également Tom Marzec-Manser, analyste du gaz pour la société de consultance en énergie ICIS. « Les prix à terme indiquent que les prix élevés vont bientôt revenir : Les données d’ICIS montrent que le gaz à livrer en janvier est plus de quatre fois supérieur au prix du gaz au comptant au TTF », indique-t-il.
    • Pour l’hiver 2023 il s’attend également à des difficultés, car remplir les réserves, sans le restant de gaz russe qu’il y avait encore cet été, sera plus compliqué l’année prochaine.

A l’avenir : il y a du positif aussi.

  • Voilà les risques qui pèsent sur l’Europe concernant son approvisionnement en gaz, ainsi que la trajectoire future du prix. Mais il y a également des éléments positifs, qui montrent que l’Europe agrandit sa résilience.
  • Les achats de gaz communs, en train d’être décidés à niveau européen, donneront par exemple une marge de manoeuvre importante à l’Europe, dans les négociations.
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