Débouté en justice, Blue Origin continue son bashing anti-SpaceX: « Starship est une fusée à haut risque »

Il y a quelques mois, la NASA a annoncé confier à SpaceX sa mission visant à renvoyer des Américains sur la Lune 50 ans après Apollo. Une décision qui a fait sortir les dirigeants de Blue Origin – Jeff Bezos en premier – de leurs gonds. Ils sont allés jusqu’à contester la décision en justice. Cette dernière vient de leur donner tort, mais ça ne les empêche pas de continuer à vilipender l’entreprise spatiale d’Elon Musk.

Entre Jeff Bezos et Elon Musk, deux des trois hommes les plus riches du monde, ce n’est pas le grand amour. Loin de là. Les deux centi-milliardaires s’échangent régulièrement des piques, principalement au travers de leurs firmes spatiales respectives, Blue Origin et SpaceX.

Depuis quelques mois, leur rivalité a pris une autre ampleur. Lorsque la NASA a désigné, en avril dernier, SpaceX comme son seul partenaire pour sa mission de retour sur la Lune (prévue pour 2024), Jeff Bezos a vu noir. Quelques jours après l’annonce, son entreprise a porté plainte auprès auprès du Government Accountability Office (GAO), une agence dépendant du Congrès américain.

La société de Jeff Bezos a argué qu’il était très risqué de miser sur une seule firme, d’autant plus que la fusée choisie, Starship, est toujours en cours de développement. Elle a également mis en garde quant au fait que ce choix pourrait « créer un monopole potentiel pour toutes les futures missions d’exploration ».

Blue Origin a aussi déploré le fait que la NASA ait choisi SpaceX pour des motifs financiers. L’entreprise d’Elon Musk ne demandait « que » 2,9 milliards de dollars, sa concurrente 5,99 milliards. Pour faire pencher la balance, Jeff Bezos est même allé jusqu’à proposer 2 milliards de dollars issus de sa fortune personnelle à l’agence spatiale américaine pour que celle-ci confie également la mission lunaire à sa société.

Un lobbying intensif qui n’a, jusqu’ici, toujours pas porté ses fruits. La NASA n’a pas changé d’avis. Et la justice a récemment rejeté la plainte de Blue Origin, indiquant que la décision de l’agence spatiale de ne choisir qu’un seul partenaire – alors qu’elle avait d’abord assuré qu’elle en sélectionnerait deux – n’avait rien de répréhensible.

Blue Origin persiste et signe

Malgré ces différents coups durs, Blue Origin n’en démord pas: attribuer le retour des USA sur la Lune à SpaceX est un mauvais choix. Il serait même très risqué. Sur son site, la société de Jeff Bezos vient ainsi de publier une infographie à charge de SpaceX, relevée par CNBC. Elle qualifie la fusée « d’immensément complexe et à haut risque ».

« Il existe un nombre sans précédent de technologies, de développements et d’opérations qui n’ont jamais été réalisés auparavant pour que Starship puisse se poser sur la lune », déplore Blue Origin. Elle épingle notamment le fait que la fusée de SpaceX devra se ravitailler en orbite si elle veut atteindre la Lune et que son plan prévoit dix lancements avant d’atteindre son objectif. « Un processus qui n’a également jamais été fait auparavant », souligne l’entreprise.

L’infographie Blue Origin sur Starship

Blue Origin critique aussi le fait que SpaceX n’ait pas encore réussi à effectuer un vol en orbite depuis la base de lancement de Starship, à Boca Chica, au Texas. C’est toutefois prévu pour dans quelques mois. Notons aussi que l’entreprise d’Elon Musk a tout de même déjà réalisé cette performance à plusieurs reprises avec d’autres fusées et depuis d’autres bases, là où Blue Origin n’y est pas encore parvenu.

L’entreprise de Jeff Bezos s’est enfin essayée à un petit exercice comparatif entre son atterrisseur lunaire et celui de sa grande rivale, montrant que la sienne était bien plus proche de ceux utilisés par la NASA jusqu’ici.

Dans la course à la Lune, tous les coups sont permis. Et ce n’est certainement pas leur récente défaite juridique qui freinera les ambitions de Blue Origin et de Jeff Bezos. Ni l’énergie qu’ils déploieront pour surpasser SpaceX et Elon Musk. La lettre écrite personnellement par le fondateur de Blue Origin pour critiquer la décision de justice en est là aussi la preuve.

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