La confiance des industriels européens est au plus bas : un tiers risque de réduire ses activités ou de fermer boutique

De plus d’un tiers à un quart : les optimistes parmi les industriels européens se font de plus en plus rares. Ils craignent pour l’avenir de l’économie du Vieux Continent. Crise de l’énergie et chute de la demande font mal à l’industrie, mais ce n’est pas tout : il y a aussi le fameux Inflation Reduction Act des Etats-Unis, jugé anti-concurrentiel.

Pourquoi est-ce important ?

Les indicateurs prédisant des temps durs pour l'économie européenne s'accumulent.

Dans l’actu : un rapport sur la confiance des grands patrons de l’industrie, par l’European Round Table for Industry (ERT) et le think tank américain Conference Board.

  • L’enquête est menée deux fois par an et force est de constater qu’en six mois, le tableau s’est noirci. La confiance est passée de 37 points à 24, montre l’enquête que le Financial Times (FT) a pu consulter. C’est-à-dire que moins d’un quart des entrepreneurs européens sont encore optimistes. La dernière fois que la confiance était si basse, c’était au début de la pandémie.
    • Pour les Etats-Unis, la baisse est aussi considérable. Elle est passée de 42 à 32, soit le plus bas depuis la crise financière. Les représentants de l’industrie américaine s’attendent d’ailleurs à une « récession profonde » en Europe, pendant un an – un an et demi.
  • Un autre chiffre interpellant sort de l’enquête : un tiers des grands groupes industriels européens prévoit de réduire ses activités, voire de les arrêter. La raison invoquée : la hausse des prix de l’énergie et la chute de la demande. 90% des répondants s’attendent à ce que la situation empire dans les six mois à venir.

« J’ai déjà pu constater par moi-même l’impact de la crise énergétique sur les industries européennes à forte consommation d’énergie et l’effet d’entraînement tout au long de la chaîne de valeur. Nous courons toujours le risque réel d’une vague de désindustrialisation, car les coûts énergétiques toujours élevés sapent la compétitivité mondiale des sites de production européens. »

Martin Brudermüller, président du comité de la compétitivité de la ERT et président du fabricant allemand de produits chimiques BASF, au FT.

L’essentiel : énergie, demande… mais pas que.

  • Les prix élevés de l’énergie auront un impact important sur l’économie européenne l’année prochaine. L’OCDE s’attend à un taux de croissance de 0,5%, et une inflation toujours élevée (près de 7%).
  • Pour les industriels interrogés lors l’enquête, il y a aussi un autre vent contraire, venant des Etats-Unis : l’Inflation Reduction Act, et en particulier une enveloppe de 369 milliards de dollars pour les technologies vertes. Il devrait attirer les investissements vers les Etats-Unis, plutôt que vers l’Europe. Le géant de la chimie, Solvay, a par exemple déjà sauté le pas, annonçait le groupe belge pas plus tard que mardi.
  • ERT mont au créneau. Avec 50 représentants de l’industrie, le groupe d’influence a rencontré le président français Emmanuel Macron et Thierry Breton, le commissaire européen du marché unique, cette semaine, pour demander une réponse européenne à ce texte, rapporte le FT.
    • Ils craignent « une nouvelle vague de désindustrialisation, les États-Unis attirant les dernières vagues d’investissements dans de nouvelles activités et dans la R&D » et des « implications désastreuses » pour les PME. Pour ces derniers, la confiance est d’ailleurs plus basse que lors de la crise financière de 2008, selon une étude d’Eurochambers, qui représente les PME.
  • Cette demande des industriels ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Macron (via le ministre de l’Economie Bruno Le Maire) et Breton ont déjà montré leurs muscles face à Washington, il y a deux semaines, menaçant l’administration Biden de sanctions pour ce texte jugé anti-concurrentiel.
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