Des briques et du fer : la batterie à chaleur est-elle le chauffage du futur?

Chauffer des briques à haute température, pour qu’elles continuent à redistribuer la chaleur, voilà l’idée d’un projet qui est maintenant devenue une réalité commerciale. Ces batteries peuvent stocker la chaleur et remplacer les boilers traditionnels au mazout ou au gaz, et ainsi réduire les émissions de dioxyde de carbone liées au chauffage.

Pourquoi est-ce important ?

Le monde veut se débarrasser des énergies fossiles et réduire les émissions de CO2. Or le chauffage, à l'échelle mondiale, est responsable de 40% de ces émissions. Petit à petit, des solutions zéro-carbone voient le jour.

Dans l’actu : commercialisation des premières batteries qui stockent de la chaleur.

  • Rondo, le fabricant de ces batteries à chaleur, annonçait la semaine dernière qu’elles sont désormais disponibles. Des premières livraisons sont maintenant effectuées par l’entreprise californienne.
  • Comment ça fonctionne ? En résumé, des barres de fer chauffantes, comme dans un toaster ou un appareil à raclette, vont chauffer des briques en terre cuite. Ces dernières vont ensuite stocker cette chaleur, qui peut grimper jusqu’à 1.500 degrés Celsius, et la redistribuer lentement. Il est aussi possible de générer de l’électricité dans ce processus.
  • Ces barres sont chauffées par de l’énergie verte, par exemple avec un parc de panneaux solaires ou des éoliennes, voire par le réseau classique. La batterie, qui a une durée de vie de plus de 40 ans, n’a en fait besoin que de quatre heures de chargement pour émettre de la chaleur pendant de longues heures, voire durant des jours entiers.
  • Son application principale est pour l’instant industrielle, par exemple pour l’acier, des produits chimiques et le ciment, où des températures élevées sont nécessaires, mais aussi pour l’industrie alimentaire, qui a besoin de températures plus basses. Rondo donne aussi l’exemple de la désalinisation de l’eau comme secteur d’application.

L’essentiel : un enjeu énorme.

  • Cette batterie répond à différents types de problèmes. D’abord, c’est une source de chaleur qui n’émet pas de CO2, contrairement aux boilers traditionnels au gaz ou au mazout, qu’elle peut remplacer directement.
    • Le chauffage est pour l’heure responsable de 40% des émissions de CO2 dans le monde.
  • Ensuite, elle permet de profiter des intermittences des énergies renouvelables, et peut se recharger lorsque l’offre sur le réseau est forte mais la demande basse – par exemple s’il y a beaucoup de vent la nuit.
  • Pour l’instant cette batterie s’applique à l’industrie. Mais on peut imaginer que la technologie puisse être utilisée pour des logements, par exemple pour un immeuble entier ou tout un quartier de maisons. Dans une crise énergétique comme nous la connaissons aujourd’hui, cela pourrait être une piste.
  • Toujours est-il que pour l’industrie (celle de l’acier notamment), la batterie est aussi un concurrent de l’hydrogène. L’H2 est une source d’énergie qui n’est pas encore exploitée à échelle commerciale et qui essuie régulièrement des critiques sur sa rentabilité et son impact sur l’atmosphère, et tant que gaz à effet de serre.

Les chiffres : 40.000 tonnes de CO2 évitées.

  • Comme dit plus haut, la batterie se recharge en quatre heures. Dit de manière plus mathématique, l’entrée d’énergie ne représente que 15% de la capacité en énergie de la batterie.
  • Une seule RHB300 (le grand modèle) éliminerait 40.000 tonnes de CO2 par an selon les estimations de Rondo, en remplaçant des chauffages classiques. Ce serait l’équivalent des émissions évitées d’environ 8.700 véhicules électriques. Autre comparaison : si on remplaçait tous les chauffages dans l’industrie, rien qu’en Californie, ces batteries élimineraient cinq fois plus d’émissions que tous les véhicules électriques des États-Unis réunis (13,6 millions).
  • Autre chiffre : le prix. Celui-ci n’est pas communiqué, mais selon Rondo, la RHB serait 20% moins chère que le gaz naturel (américain, qui est déjà moins cher qu’en Europe actuellement), et moins chère et plus efficiente que d’autres énergies, comme l’hydrogène, les gaz « bio » et l’utilisation directe de l’électricité.
Capture d’écran : Rondo
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