Un sommet occidental sur la sécurité, cerné par les oreilles d’Huawei

Après l’énergie russe, la technologie chinoise : l’Europe est toujours dépendante d’États qui ne lui veulent pas que du bien. Or les antennes-relais dotées de composants made in China sont depuis longtemps suspectées de servir de porte dérobée pour les services de renseignement de Pékin.

Pourquoi est-ce important ?

La Conférence de Munich sur la sécurité ouvre ses portes ce vendredi, et verra passer chefs d’État, responsables de services de renseignement et autres spécialistes de la sécurité intérieure des pays occidentaux. L'ennui, c'est que le sommet semble bel et bien cerné de technologies chinoises susceptibles de tout écouter.

Depuis 1963, la Conférence de Munich sur la sécurité (ou Wehrkundetagung, Forum de Munich sur les politiques de défense) réunit les décideurs et les experts de l’OTAN, des pays de l’UE, et de différentes nations invitées pour aborder les questions de politique étrangère et de sécurité à laquelle le monde dans son ensemble est confronté. Un événement, qui tient aussi du lieu de discussion informelle. L’ennui, c’est que le monde a changé, et qu’un pays a développé les moyens d’écouter tout ce qui s’y dira.

  • Le rassemblement a lieu à l’hôtel cinq étoiles Bayerischer Hof. Or selon une enquête menée par Politico, il est cerné d’antennes de télécommunications, dont certaines sont équipées de matériel fourni par le géant technologique chinois Huawei.
  • Or celui-ci a souvent été point du doigt comme un acteur actif des renseignements chinois. Une crainte qui n’est pas nouvelle : alors que la marque est quasiment bannie du sol américain, ses antennes-relais restées sur place suscitent l’inquiétude, en particulier autour des sites militaires sensibles. Le président Joe Biden a demandé l’ouverture d’une enquête en juillet dernier.
  • Huawei a toujours démenti n’avoir jamais servi de couverture à l’espionnage chinois, mais le gouvernement de Pékin se réserve un droit d’accès à toutes les données recueillies par ses entreprises nationales qui pourraient servir l’intérêt du pays. Or tout laisse à penser que le régime s’offre ainsi une porte dérobée pour espionner ce qui se fait dans d’autres pays où les produits Huawei sont déployés.
  • Dans le cas de la Conférence de Munich, Politico a eu confirmation que ces antennes suspectes existaient, mais aucun fournisseur n’a confirmé officiellement la présence de technologie Huawei dans son infrastructure, invoquant la discrétion professionnelle. Les pouvoirs publics munichois n’ont quant à eux pas pu fournir d’informations.

Du pétrole russe aux technologies chinoises : un problème de dépendance

Le contexte : les capacités réelles de la Chine d’espionner via les infrastructures de ses entreprises technologiques demeurent une question en suspens. Mais certains responsables occidentaux s’inquiètent de la dépendance envers des technologies venues d’un pays avec lequel les relations restent tendues. Jusqu’à faire le parallèle avec la soif de gaz russe qui a bien angoissé l’Europe quand elle a dû s’en sevrer.

  • Un enjeu qui se fait de plus en plus pressant, et sur laquelle tout le monde n’est pas sur la même longueur d’onde. Les États-Unis fustigent ainsi la dépendance économique de l’Allemagne à l’égard de Pékin. La Chine devient d’ailleurs, dans le pays, un véritable enjeu national, avec entre autres l’affaire du rachat d’une partie du port de Hambourg par des fonds chinois.

« La dépendance à l’égard des composants Huawei dans notre réseau 5G continue de poser un risque incalculable pour la sécurité. L’utilisation de la technologie Huawei dans le réseau mobile ici va à l’encontre des objectifs de la politique de sécurité de l’Allemagne au vu de la proximité de l’entreprise chinoise avec l’État. »

Maximilian Funke-Kaiser, parlementaire allemand et porte-parole en matière de politique numérique pour le FDP (libéraux)
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