Des chars Leopard 1 belges partent pour l’Ukraine, mais « dans le désintérêt total de la part du gouvernement »

Lundi matin, les premiers chars Leopard 1 ont été expédiés depuis le sol belge vers l’Ukraine, selon nos sources. Les chars étaient en stock chez OIP Land Systems à Tournai, qui les a restaurés et vendus à Kiev. Le gouvernement belge aurait manifesté un désintérêt total sur cette transaction.

Dans l’actualité : L’Ukraine reçoit des chars Leopard 1, qui étaient auparavant en service dans l’armée belge.

  • Ces chars ont été retirés du service il y a quelques années. Contraints de faire des économies, l’armée a décidé de retirer tous les véhicules chenillés lourds et de les remplacer par des véhicules blindés plus légers sur roues. Les Leopard en ont donc fait les frais : cinquante exemplaires sont depuis stockés chez OIP à Tournai.
  • Cependant, les chars n’ont jamais été inclus dans la liste des matériels fournis par la Belgique à l’Ukraine : selon la ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS), ils auraient été trop chers à remettre en état de fonctionnement. Elle a déclaré en début d’année : « Des travaux ont été effectués pour les remettre en état, mais l’entreprise demande désormais jusqu’à 500.000 euros par véhicule. Je comprends que le travail n’est pas gratuit, mais la marge est exagérée. » Cependant, les experts soulignent qu’un demi-million d’euros est en réalité la valeur marchande de ces véhicules, qui ont été très demandés ces derniers mois, notamment pour être donnés à l’Ukraine.
  • Il est particulièrement douloureux que la Belgique ait vendu les chars à l’époque pour seulement 15.000 euros chacun à l’entreprise, soit environ le prix de la ferraille. L’armée n’avait pas suffisamment de hangars pour entreposer le matériel désaffecté et les a donc vendus au rabais.

Et pourtant, ils sont vendus

L’essentiel : Un autre pays voit les choses différemment.

  • Un autre pays a décidé d’acheter nos Leopard 1. Après une rénovation approfondie, les premiers exemplaires partent maintenant via l’Allemagne vers l’Ukraine. Le pays qui a acheté ces véhicules n’est toutefois pas connu. À l’heure actuelle, seuls l’Allemagne, le Danemark et les Pays-Bas ont annoncé qu’ils feraient don de Leopard 1 à l’Ukraine, achetés spécialement pour l’occasion.

En arrière-plan : La Belgique se fait donc voler la vedette une fois de plus. Cela s’est déjà produit avec des obusiers et des véhicules blindés.

  • OIP est l’une des rares entreprises disposant d’un grand stock de véhicules blindés. Cependant, le gouvernement montre peu d’intérêt à les racheter, prétextant là aussi les prix élevés.
  • Néanmoins, ces prix semblent moins problématiques pour d’autres pays. L’année dernière, le Royaume-Uni a ainsi acheté vingt obusiers blindés M109 à l’entreprise pour les donner à l’Ukraine. Le Royaume-Uni a également acheté une cinquantaine de véhicules de transport de troupes blindés M113 auprès de l’entreprise tournaisienne.
  • Un grand nombre de véhicules restent en réserve pour le moment, dont des chars antiaériens Gepard. Ceux-ci sont très demandés en Ukraine, où ils se sont avérés efficaces pour abattre les drones russes. Environ 40 Gepards sont entreposés chez OIP, mais selon une source au sein de la Défense, ils seraient trop vieux pour être remis en état de fonctionnement : « Nous avons tout essayé. »
  • Cependant, un autre intervenant indique qu’ils peuvent être remis en état de fonctionnement, mais pas au prix que la Belgique est prête à payer. Le prix, pour des véhicules opérationnels, serait d’environ deux millions d’euros par engin. C’est à peu près le même prix que les États-Unis ont payé pour racheter certains de leurs véhicules à la Jordanie. Mais ces derniers doivent encore être préparés pour le combat.

MB

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