Cet outil permet de prédire les conflits liés à l’eau, et peut-être de les éviter

Les pénuries d’eau alimentent des conflits violents dans de nombreuses régions du monde, notamment en Afrique, au Moyen-Orient et dans le sud de l’Asie. Un outil permet désormais d’anticiper, jusqu’à un an à l’avance, où auront lieu ces tensions.

Développé par des scientifiques issus de six organisations, en collaboration avec le gouvernement néerlandais, au sein du partenariat Water, Peace and Security (WPS), le WPS Global Early Warning Tool doit permettre de prédire où auront lieu les conflits liés aux pénuries d’eau. L’outil est principalement destiné aux responsables politiques et aux ONG, mais il est accessible à tous en ligne. Il couvre pour l’instant l’Afrique, le Moyen-Orient et le sud de l’Asie, mais il devrait prochainement être étendu à l’ensemble du globe.

80 indicateurs

Si l’outil élaboré par le WPS parvient à anticiper l’avenir, c’est parce qu’il couple à l’apprentissage automatique (machine learning) plus de 80 indicateurs environnementaux, économiques et sociaux, portant sur les 20 dernières années. Les premiers essais suggèrent un taux de réussite de 86% dans l’identification des situations de conflit où des cas de violence organisée entraînent des dizaines décès.

Pour 2020, le système prévoit que des conflits sont susceptibles d’éclater dans un certain nombre de régions, et notamment en Irak, en Iran, au Mali, au Nigeria, en Inde ou encore au Pakistan.

Multiplicateurs de menaces

‘La pénurie d’eau qui touche le Mali comme l’Irak est principalement due à des projets de développement économique (notamment des barrages) qui réduisent le niveau de l’eau et le débit des rivières’, explique Jessica Hartog d’International Alert, un partenaire de WPS, dont les propos sont relayés par le site Slate. ‘Cette situation est aggravée par le changement climatique et l’augmentation de la demande d’eau en raison de la croissance démographique.’

Par ailleurs, les pénuries d’eau peuvent également ‘devenir des multiplicateurs de menaces lorsqu’ils sont combinés avec d’autres griefs, tels que la pauvreté et les inégalités’, prévient pour sa part Susanne Schmeier, maîtresse de conférences au Delft Institute for Water Education, dont les propos sont repris par The Guardian.

Au cours des dix dernières années, les violences liées à l’eau ont doublé à travers le monde, affirme le think tank Pacific Institut. Quant à l’ONU, elle estime que près de cinq milliards de personnes risquent de faire face à des pénuries d’or bleu d’ici 2050.

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