« C’est celui qui le dit qui l’est »: Bezos et Musk continuent de se chamailler autour du retour de l’Homme sur la Lune

Depuis plusieurs mois, Elon Musk et Jeff Bezos se tirent dans les pattes. En jeu: le développement de l’atterrisseur que la NASA utilisera pour renvoyer l’Homme sur la Lune d’ici quelques années. Après un tacle du patron de SpaceX, Amazon a pondu un PDF de treize pages. Avec, en toile de fond de son argumentaire, ni plus ni moins que la célébrissime – et infantile – rengaine « C’est celui qui le dit qui l’est ».

En avril dernier, la NASA a décidé d’attribuer à SpaceX un contrat à 2,9 milliards de dollars en vue de concevoir l’atterrisseur lunaire qui lui permettra de renvoyer des astronautes sur la Lune. Un choix qui a mis fou de rage Jeff Bezos et ses acolytes à la tête de Blue Origin. Ils ont porté plainte une première fois. Ils ont perdu. Puis ils sont revenus à la charge, fin août, devant la Cour des réclamations fédérales des Etats-Unis.

D’après Blue Origin, cette passation de marché public ne s’est pas déroulée dans les règles. Elle se plaint, entre autres, du fait que la proposition de SpaceX ne répondrait pas aux exigences de sécurité de la NASA. L’agence spatiale américaine aurait « inexplicablement ignoré les principales exigences en matière de sécurité des vols pour ne retenir que SpaceX ». Une décision jugée « arbitraire, capricieuse et irrationnelle » par la firme de Jeff Bezos.

Une décision de justice au sujet de ce deuxième procès est attendue pour le 1er novembre prochain. Notons par ailleurs que l’administrateur de la NASA a utilisé cette plainte pour justifier le retard pris par le projet de retour de l’Homme sur la Lune – initialement prévu pour 2024 – pour masquer bien d’autres problèmes dans les préparatifs.

Project Kuiper (Amazon) et Blue Origin répondent, documents à l’appui

En début de semaine, Elon Musk a, comme il en a l’habitude, envoyé une pique à l’égard de Blue Origin. « Vous ne pouvez pas gagner votre voyage vers la Lune en justice, peu importe combien vos avocats sont bons », a-t-il déclaré mardi lors de la Code Conference.

Une petite attaque d’Elon Musk qui a eu le don d’irriter Jeff Bezos. Le lendemain, le média américain The Verge a reçu un courriel de Project Kuiper, la division d’Amazon qui tente de déployer un réseau d’Internet satellitaire. Et qui est elle aussi en concurrence avec SpaceX et son projet Starlink. Un dossier PDF de treize pages accompagnait l’e-mail.

« Vous trouverez ci-joint une liste de toutes les fois où SpaceX a poursuivi le gouvernement américain sur des questions de passation de marché et a protesté contre diverses décisions gouvernementales », a écrit un porte-parole de Project Kuiper, dans le courriel. « Il est difficile de concilier leur propre dossier historique avec leur position récente sur les autres déposant des actions similaires. »

Le document joint contenait 39 procédures judiciaires lancées par SpaceX aux Etats-Unis depuis 2004. Dans la foulée, Origin a envoyé un courriel pour soutenir Project Kuiper.

« Nous sommes entièrement d’accord » avec la prise de position d’Amazon, a déclaré un porte-parole de Blue Origin. « SpaceX est bien conscient, ayant bénéficié de ses propres protestations fréquentes et de ses plaintes contre la NASA et l’armée de l’air américaine, que de telles actions sont une pratique courante dans le processus de passation de marchés publics. »

Musk réagit à son tour

Face à la publication de ce long dossier dans The Verge, Elon Musk a eu tôt fait de réagir. Et, comme souvent, il l’a fait sur Twitter.

« SpaceX est allé en justice pour être *autorisé* à concourir, BO (Blue Origin, ndlr) intente un procès pour arrêter la concurrence », a écrit le patron de SpaceX. Elon Musk a ensuite répondu à un tweet mentionnant l’article avec des émojis « pleure de rire ».

Fin août, Elon Musk avait déjà ironisé sur le sujet, indiquant que Jeff Bezos avait cédé sa casquette de PDG d’Amazon en vue de « prendre sa retraite pour poursuivre un travail à temps plein qui consiste à intenter des procès contre SpaceX ».

Une moquerie survenue après qu’Amazon a déposé une lettre de protestation contre le projet de SpaceX de lancer davantage de satellites pour le son projet Starlink.

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