« Un canari dans une mine de charbon » : les banquiers de Wall Street doivent s’attendre à des bonus de fin d’année plus modestes, et c’est un mauvais signe pour l’économie

Les banquiers de Wall Street reçoivent normalement d’importants bonus en fin d’année. Or, en 2022, ils seront revus à la baisse, ce qui en dit long sur la santé de l’économie : les conclusions d’accords de fusions ou d’acquisitions sont sérieusement en baisse.

Dans l’actu : Une étude épingle la baisse des bonus auxquels les banquiers de Wall Street peuvent s’attendre en fin d’année.

  • Pour les banquiers qui aident à consolider les entreprises, ce serait une baisse de 20%. Pour ceux qui les aident à lever des fonds, la baisse serait de près de la moitié (45%). C’est ce que montre une étude de Johnson Associates, une société de consultance en matière de rémunération, citée par CNN Business.
  • Ces bonus sont une part importante des rémunérations dans le secteur. Même sans les bonus, les banquiers ont un salaire convenable : 200.000 dollars par an en début de carrière.

L’essentiel : Un mauvais signe pour l’économie.

  • « Cette année est anormalement mauvaise », constate Alan Johnson, directeur général de la société. « Je pense qu’il y aura un bon nombre de mécontents. Certaines personnes chercheront d’autres emplois… Mais il y aura aussi des licenciements. »
    • En effet, le rapport montre aussi que les banques et fonds vont commencer à arrêter les embauches et à licencier des personnes.
  • Voilà un premier signe de ralentissement de l’économie, mais ce n’est pas le plus alarmant, selon l’étude. C’est que cela montre que la conclusion d’accords est sérieusement en baisse. « C’est un canari dans la mine de charbon pour l’économie, si le canari meurt, ce n’est bon pour personne », compare Johnson.
    • Il s’agit d’un important indicateur économique, car il montre que les banquiers s’attendent à une dégradation de l’économie, et les entreprises tentent moins de nouvelles aventures.
  • Les accords appelés M&A, pour mergers and acquisitions, ou fusions et acquisitions, ont vu leur volume baisser en 2022, à cause du climat économique actuel d’inflation, de crainte de récession et de hausses des taux d’intérêt. Ainsi, au troisième trimestre, des accords M&A pour un total de 642 milliards de dollars ont été conclus, à échelle mondiale, selon les données de Refinitiv : une chute de 42% par rapport au deuxième trimestre, et le chiffre le plus bas pour la période en dix ans.

A l’avenir : Une croissance lente.

  • Les analystes en tout cas s’attendent à une croissance relativement lente de l’activité bancaire, en 2023. Mais cette sécheresse de bonus pourrait aussi être un des éléments qui relance la machine, pour Morris DeFeo, du cabinet juridique spécialisé en M&A, Herrick Feinstein LLP, cité par CNN. « De nombreuses personnes sont très motivées par les incitations. Nous n’allons pas nous asseoir et attendre de voir où vont les choses. Ce n’est pas la nature de notre communauté de la finance », conclut-il.
  • Au moment où les banquiers voient leurs bonus de fin d’année être réduits, les actionnaires peuvent s’attendre à une augmentation des dividendes.
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