Biden en mauvaise posture après les massacres de Kaboul

Les événements tragiques en Afghanistan conduisent à la première crise majeure de la présidence de Joe Biden. Ses succès intérieurs sont complètement éclipsés par le retrait chaotique des troupes américaines de Kaboul.

Le pire scénario pour Biden est devenu réalité puisque des soldats américains ont été tués lors de la mission d’évacuation autour de l’aéroport de Kaboul.

  • « Nous ne pardonnerons pas. Nous n’oublierons pas. Nous vous pourchasserons et vous ferons payer », a répondu M. Biden lors d’une conférence de presse. Il a également indiqué que cette réponse viendra « au bon moment », ce qui peut indiquer que les représailles ne sont pas une priorité immédiate.
  • Le discours musclé de Biden n’est pas inattendu, car la perte de ses propres soldats est très sensible pour le public américain. Ses nombreux adversaires politiques républicains y voient « une nouvelle démonstration d’incompétence ». Mais l’approche de Biden concernant l’évacuation a également été critiquée par son propre parti.

Humiliation sur humiliation. Ce n’est pas tant la décision elle-même de retirer les troupes américaines d’Afghanistan après 20 ans qui a suscité des critiques ces derniers jours – Biden exécute ce que son prédécesseur Donald Trump avait déjà décidé sur le principe – mais surtout la manière dont elle est prise.
Il est d’abord apparu que les Américains avaient largement sous-estimé le rythme de l’avancée des talibans vers Kaboul, puis que la majeure partie de l’aéroport de Kaboul pouvait tomber entre leurs mains. Le fait que les talibans puissent exhiber de l’équipement de l’armée américaine a été une humiliation supplémentaire.

Une question importante était de savoir si Biden allait modifier la date limite du 31 août qu’il s’était lui-même imposée pour la mission d’évacuation.

  • Tant en Europe que dans le reste du monde, des voix s’élèvent depuis longtemps pour demander un report, afin de disposer de plus de temps pour faire sortir de Kaboul non seulement leurs propres ressortissants, mais aussi les Afghans qui aident l’Occident depuis des années.
  • Les talibans ont toutefois exigé que les Américains respectent leurs accords et maintiennent la date du 31 août comme date de sortie. Peu avant, et certainement après, l’attaque d’hier, le débat a tourné.
  • Plusieurs pays européens, dont la Belgique, ont mis fin prématurément à leur propre opération d’évacuation. Les experts ont évoqué la possibilité que les États-Unis mettent également fin à la mission de manière anticipée.
  • Finalement, Biden a simplement maintenu la date du 31 août. Il a toutefois déclaré que, même après le départ des militaires, il fera « tout son possible » pour donner aux Américains qui souhaitent quitter l’Afghanistan la possibilité de le faire.
  • Selon certains experts, il est désormais purement impossible, d’un point de vue logistique, de faire sortir du pays à temps tous les Afghans qui ont soutenu les États-Unis, alors que Biden avait toujours promis solennellement de le faire.

Coopération avec les Talibans. L’organisation terroriste IS est un ennemi à la fois des États-Unis et des Talibans.

  • Le président américain Joe Biden a déclaré jeudi qu’il était dans l’intérêt des talibans de continuer à coopérer pour évacuer les citoyens et le personnel américains d’Afghanistan, même après le départ des troupes américaines.
  • Selon M. Biden, les talibans ne sont pas des gens bien, mais il est dans leur intérêt de continuer à coopérer avec la communauté internationale pour maintenir l’aéroport en activité et éviter l’effondrement de l’économie afghane.
  • Le site d’information Politico révèle une collaboration improbable : le gouvernement américain aurait remis aux talibans une liste de citoyens américains et de sympathisants afghans qui souhaitent l’évacuation des États-Unis.
  • Les détracteurs du président affirment qu’en raison de la mauvaise stratégie de M. Biden, ce ne sont pas les États-Unis mais les talibans qui sont actuellement la partie dominante dans le conflit afghan.

Le nouveau Jimmy Carter ? Plusieurs médias établissent un parallèle avec la fortune de Jimmy Carter, collègue de parti de M. Biden, à la fin des années 1970 et au début des années 1980.

La crise des otages iraniens avait hanté la présidence de Carter, qui avait fini par perdre les élections de 1980 face au républicain Ronald Reagan.

La crise des otages a commencé le 4 novembre 1979. Des étudiants iraniens anti-américains ont occupé l’ambassade des États-Unis à Téhéran et pris en otage plus de 60 diplomates et citoyens américains.

Lors de l’opération de sauvetage totalement ratée d’avril 1980, l’opération Eagle Claw ordonnée par Carter, huit soldats américains ont été tués. Le lien avec les événements en Afghanistan est facile à faire.

Ce qui est certain en tout cas : Biden, qui s’est toujours vanté de sa grande expérience dans le domaine de la politique étrangère, a perdu beaucoup de crédit. Non seulement dans son propre pays, mais aussi parmi ses alliés européens, qui devaient invariablement supporter la stratégie entêtante des États-Unis.

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