Un mois avant l’élection présidentielle, les projets de Donald Trump pour réformer la loi sur les soins de santé abordables sont toujours en attente. En 2015, le président avait promis ‘un excellent plan qui sera moins cher et de meilleure qualité que l’Obamacare’. Mais 5 ans plus tard, les détails de cette nouvelle loi n’ont toujours pas été précisés. Probablement parce qu’il n’a pas de plan.
Et cela pourrait coûter cher au président. Parce que les trois choses les plus importantes pour les électeurs cette année sont : l’économie, le Covid-19 et la santé. Sur le premier sujet, Trump est en avance sur son concurrent. Mais sur les deux suivants, il est totalement invisible, alors que le nombre de cas confirmés de coronavirus a augmenté dans 25 des 50 États du pays la semaine dernière.
Les discussions entre Donald Trump et Joe Biden se sont encore fortement échauffées sur les problèmes de soins de santé lors du premier débat. Tous deux ont montré leur incapacité à présenter un plan clair et abordable.
1 travailleur sur 5 n’est toujours pas assuré
Les États-Unis consacrent 18% de leur PIB aux soins de santé. C’est bien plus que dans n’importe quel autre pays du monde. Mais ses habitants ne sont pourtant pas couverts. Un travailleur sur cinq n’est toujours pas assuré.
Quiconque veut savoir pourquoi trouvera la réponse dans le livre Deaths of Despair and the Future of Capitalism – traduisez ‘Les morts du désespoir et l’avenir du capitalisme’ – de l’économiste Ann Case et du prix Nobel Angus Deaton.
Une assurance pour une famille moyenne peut facilement coûter 21.000 dollars par an. 70% de ce montant est généralement à charge de l’employeur. Cela ne posera pas de problème pour une entreprise qui paie un employé 150.000 dollars par an d’ajouter 10% du salaire pour les soins de santé. Mais au bas de l’échelle des revenus, les travailleurs ne gagnent que 24.000 dollars par an, l’entreprise doit alors sortir près de 60% du salaire en plus pour l’assurance maladie. Et elle est donc beaucoup moins d’accord de le faire.
Les Big Pharma et la politique
Ensuite, il y a l’influence des Big Pharma sur les actions des politiciens. L’industrie pharmaceutique est certainement le plus gros lobby du pays. Le secteur a dépensé 4,5 milliards de dollars au cours des 20 dernières années pour souffler à l’oreille des politiciens. L’industrie des assurances, juste en dessous sur la liste des lobbies, a dépensé deux fois moins d’argent.
Heureusement, l’Amérique peut encore compter sur des politiciens droits dans leurs bottes, comme Katie Porter, qui représente l’État de l’Iowa à la Chambre des représentants.
Lors d’une vidéoconférence ce mercredi, elle s’est confrontée à Mark Alles, l’ex-CEO de la société Celgene. La firme a augmenté le prix de son médicament, Revlimid, pas moins de 20 fois depuis sa création en 2005. Ce médicament est administré aux personnes souffrant d’un cancer des cellules plasmatiques. Au total, le prix a augmenté de 354% en 15 ans.
Il s’agit d’un exemple classique de la façon dont les Big Pharma abusent sans vergogne de sa position de domination à Whashington DC sans faire face à une opposition politique.
Lors du débat, Trump a à nouveau critiqué le modèle de la ‘médecine socialisée’, comme elle existe en Europe. C’est pourtant ce dont rêvent des millions d’Américains.