La course au vaccin: le Big Pharma obtient l’immunité contre les poursuites en cas d’effets secondaires

Dans la course au premier vaccin grand public, la rapidité semble être la qualité ultime. Un haut dirigeant de la société pharmaceutique AstraZeneca confirme désormais à Reuters que le géant pharmaceutique britannique s’est vu accorder l’immunité de toute plainte légale, au cas où le vaccin d’AstraZeneca devait finalement montrer des effets secondaires nocifs.

‘Nous sommes confrontés à une situation unique. Une entreprise ne peut tout simplement pas courir ce risque. Supposons que des effets secondaires nocifs surviennent dans les quatre ans’, explique Ruud Dobber d’AstraZeneca. Il est vice-président exécutif (EVP) et président de la Business Unit BioPharmaceuticals depuis janvier de l’année dernière.

‘Lorsque nous concluons des contrats, nous demandons à être exemptés de plaintes potentielles. La plupart des pays n’ont aucun problème avec cela, car ils pensent que cela en vaut la peine. C’est dans leur propre intérêt national, poursuit-il. La sécurité et la tolérance au vaccin restent une priorité absolue’. Ruud Dobber ne nomme toutefois pas les pays concernés.

AstraZeneca est l’une des 25 sociétés pharmaceutiques à la recherche de médicaments et/ou d’un vaccin contre le Covid-19. Selon les dirigeants européens du Big Pharma, la responsabilité juridique est ‘une discussion importante dans la recherche d’un vaccin par Pfizer, Sanofi et Johnson & Johnson’.

Aux États-Unis, les sociétés pharmaceutiques sont de toute façon exemptées

Aux États-Unis, il existe déjà une loi comme la Public Readiness and Emergency Preparedness (PREP) Act de la Food and Drug Administration (FDA). Elle exempte les entreprises de poursuites en cas de problème.

Cette immunité juridique pose quand même quelques questions. Beaucoup se demandent pourquoi les gouvernements permettent à ces sociétés d’être dégagées de toute responsabilité en cas de problème. Certes les coûts peuvent être énormes, mais il en va de même pour les profits. Après tout, c’est à ces entreprises de prendre leur temps pour délivrer un vaccin de qualité.

Mais toutes les entreprises ne sont pas enclines à confondre vitesse et précipitation: ‘Si vous voulez donner un vaccin à des milliards de personnes, vous devez exactement savoir ce que va faire ce vaccin’, a déclaré le PDG de Merck Kenneth Frazier le mois dernier.

‘Pour précision, seuls sept nouveaux vaccins ont été introduits dans le monde au cours des 25 dernières années. Merck en a quatre, le reste du monde en a trois. Ma position est simple: si tout le monde n’est pas en sécurité, personne n’est en sécurité.’

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