Un vaccin ne nous ramènera pas dans le monde de 2019

Les gouvernements du monde entier ont déjà dépensé des milliards pour acheter un vaccin contre le coronavirus. Un tel vaccin n’existe pas encore, malgré les 150 essais en développement. Une demi-douzaine d’entre eux ont montré des résultats prometteurs. Mais lorsqu’un tel vaccin arrivera sur le marché, beaucoup risquent d’être surpris.

Beaucoup ont dans l’attente d’un vaccin une démarche qui ne correspond pas du tout à la réalité. Ils pensent à un vaccin qui est administré une fois et qui garantit que nous sommes immunisés, comme pour la rougeole, les oreillons ou la paralysie infantile, par exemple. Mais le Covid-19 joue dans une division différente.

Efficace chez 50% de ceux qui le reçoivent

Dans le monde médical, selon les règles de la Food and Drug Administration des États-Unis, un vaccin peut être approuvé ‘lorsqu’il est sûr et s’avère efficace chez 50% de ceux qui le reçoivent’. À titre de comparaison, le vaccin contre la rougeole (efficacité de 98%) est l’un des meilleurs pour prévenir la maladie. Le vaccin antigrippal a une efficacité de 40 à 60% selon les années.

‘Efficace’ ne signifie pas que les gens ne peuvent pas contracter la maladie, mais que le vaccin minimise les symptômes les plus graves. Le vaccin antigrippal est probablement le meilleur exemple. Cela peut fonctionner ou ne pas fonctionner, mais il garantit au moins que les gens restent à l’écart des hôpitaux et surtout des soins intensifs.

Le vaccin ralentirait également la propagation du Covid-19 et créerait éventuellement des zones exemptes de virus. Si ce sont les seules exigences, un vaccin sera diffusé assez rapidement, selon les experts. Si nous voulons un vaccin qui immunise réellement contre le Covid-19, il faudra plus de temps. D’autant que la maladie s’est manifestée sous tant de formes différentes.

Le vaccin est un début, pas une fin

Donc, une fois qu’un vaccin est approuvé, ce ne sera guère plus qu’un début et certainement pas une fin en soi. La distribution mondiale d’un vaccin sera alors le prochain défi. Cela prendra des mois, voire des années.

Ceux qui reçoivent le vaccin ne seront pas immédiatement protégés. Le corps prend parfois des semaines pour accumuler les anticorps nécessaires. De nombreux vaccins devront donc être administrés plusieurs fois pour en développer davantage. Un éventuel vaccin ne sera donc pas immédiatement le mur de défense ultime contre le Covid-19, c’est une certitude.

Les médicaments anti-VIH / SIDA de première génération étaient médiocres

Michael Kinch de l’Université de Washington à Saint-Louis décrit un scénario plus réaliste dans le Seattle Times. La première génération de médicaments contre le VIH / SIDA était très médiocre. Soit dit en passant, il n’existe toujours pas de vaccin contre le VIH / sida, mais les médicaments qui existent se sont considérablement améliorés au fil des ans. Kinch pense que ce qui s’est passé avec le VIH / sida est un bon point de départ pour évaluer la trajectoire du vaccin contre le covid-19. Selon l’expert, les premiers vaccins contre Covid-19 seront également médiocres, mais avec le temps, plus de données sur la maladie deviendront disponibles, et ils s’amélioreront dans la foulée.

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