Après la tech, la chirurgie esthétique pourrait être la prochaine cible des régulateurs chinois  

Les investisseurs parient sur la chute de l’industrie de la chirurgie esthétique, après une augmentation des critiques à son encontre, dans plusieurs médias d’État.

La Chine mène un véritable combat depuis plusieurs mois pour remodeler le paysage culturel et commercial du pays, afin d’atteindre une « prospérité commune ». Une quête qui s’est pour l’instant surtout concentrée sur les grandes entreprises de technologies – jeux vidéo et réseaux sociaux compris –, mais une autre industrie pourrait bientôt leur succéder. Les investisseurs s’inquiètent que les régulateurs chinois soient déjà en train de s’attaquer au marché de la chirurgie esthétique, indique le Financial Times.

Depuis le mois de juillet, les trois plus grandes sociétés chinoises de médecine esthétique ont vu leur valeur de marché chuter d’un tiers, soit l’équivalent d’une perte globale de plus de 17 milliards de dollars. Une chute importante qui étonne tant les procédures cosmétiques sont populaires en Chine. En 2020, le marché a atteint les 51 milliards de dollars, selon la banque d’investissement Citic. La baisse d’intérêt de la part des investisseurs suggère que les jours de la chirurgie esthétique dans le pays sont comptés.

La chirurgie esthétique, nouvelle cible

Le fait est que les critiques à l’encontre de cette industrie dans les médias d’État se sont récemment multipliées. Selon les journaux officiels, les sociétés de médecine esthétique promeuvent l’idolâtrie des apparences physiques et contribuent au mal-être des jeunes gens.

La publicité de l’industrie de chirurgie esthétique a « dépassé les limites réglementaires », selon un article publié dans le Quotidien du Peuple, porte-parole du parti. Le journal critique ouvertement les publicités à base de photos avant/après de stars chinoises qui visent à « attirer les consommateurs » et appelle à « une règlementation standardisée de cette nouvelle industrie lucrative sans délai », rapporte le Financial Times.

Une répression qui serait la bienvenue

Plus de réglementation pourrait coûter cher à l’industrie de la chirurgie esthétique, mais pour les consommateurs, cela ne serait finalement pas une mauvaise chose d’après Mark Tanner, directeur général de China Skinny, une société de marketing. « [Si] tout le monde n’est pas si “parfait”, alors il n’y a pas autant de pression pour que vous dépensiez vos économies durement gagnées et que vous fassiez de même », a-t-il ainsi déclaré.

Sur les réseaux sociaux, des messages de sensibilisation à l’anxiété liée à son apparence se sont multipliés. Certains hashtags ont été vus plus de 490 millions de fois et ont suscité des dizaines de milliers de réponses.

Or, dans l’état actuel des choses, l’expansion de la médecine chinoise devrait se poursuivre dans les années à venir, selon un rapport de Deloitte datant de janvier. En 2023, le marché devrait augmenter de 50% par rapport à 2020. Des prévisions qui pourraient être chamboulées si les régulateurs chinois s’en mêlent. D’après les investisseurs, cela ne saurait tarder.

À l’heure actuelle difficile de savoir si et quand Pékin se décidera à réguler le secteur de la chirurgie esthétique ni même comment cela pourrait se traduire dans les faits. Si cela se passe comme pour le secteur de la tech, l’industrie pourrait être mise à mal.

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