‘Accord de Paris de la crypto’: l’industrie du bitcoin s’engage pour le climat, énergie 100% renouvelable et neutralité carbone comme ambitions

Initiative du secteur privé soutenue par l’ONU, le Crypto Climate Accord vise à fédérer les acteurs des cryptomonnaies, des fintechs mais aussi de l’énergie et de la protection environnementale avant la COP26 de novembre prochain. Objectif : effacer l’empreinte carbone de cette gourmande industrie du bitcoin. Irréalisable ?

‘Décarboner l’industrie des cryptomonnaies en un temps record’. Voilà le vœu (pieux ?) du Crypto Climate Accord porté publiquement par le trio Energy Web Foundation (dans laquelle on retrouve notamment le gestionnaire de réseau flamand d’électricité et de gaz naturel Fluvius), le centre de recherche et d’études américain sur l’énergie Rocky Mountain Institute (RMI) et l’organisation indépendante Alliance for Innovative Regulation (AIR).

Une initiative du secteur privé qui bénéficie déjà du soutien de l’ONU à quelques mois de la prochaine conférence sur les changements climatiques ainsi qu’une vingtaine d’autres entreprises et organismes issus de l’industrie blockchain et de la finance, du milieu associatif ou du secteur de l’énergie à l’instar du groupe français Engie.

‘Il y a trois objectifs provisoires à finaliser : permettre à toutes les blockchains du monde d’être alimentées par 100% d’énergies renouvelables d’ici 2025 ; développer une norme comptable open-source pour mesurer les émissions de l’industrie des cryptomonnaies ; et atteindre des émissions de carbone nettes nulles pour l’ensemble du secteur cryptos, y compris toutes les opérations commerciales au-delà des blockchains et émissions rétroactives, d’ici 2040’, se sont déjà vaguement fixé les parties prenantes.

‘Transparence historique’

S’inspirant directement de l’Accord de Paris, les porteurs du projet veulent élaborer un cadre de coordination pour l’ensemble des projets et d’activités visant à décarboner l’industrie, pour proposer des solutions, établir des objectifs, mettre en place un modèle de gouvernance. Comptant sur la communauté mondiale, les auteurs de l’accord crypto-climatique souhaitent parvenir avant la fin de 2021 à développer notamment le recours aux énergies renouvelables dans la production des monnaies numériques et monitorer sur une base régulière l’impact global des efforts consentis.

‘En plus d’éliminer de toute urgence les émissions futures, cette industrie est particulièrement bien placée pour s’attaquer à sa dette d’émissions historiques. La nature même des blockchains permet une transparence historique à l’échelle du système, faisant de la dette d’émissions de la crypto une cible parfaite pour les solutions réduction de CO2’, a déclaré au média spécialisé Business Green Nigel Topping, ancien CEO de We Mean Business, coalition d’entreprises qui s’efforce d’accélérer la transition vers une économie à zéro émission, nommé ambassadeur climatique auprès des Nations-Unies.

Si s’attaquer aux dommages environnementaux causés par l’industrie du bitcoin constitue un défi louable, le crypto-accord s’attire déjà son pesant de critiques, ses objectifs généraux étant selon les détracteurs peu susceptibles d’entraîner des changements significatifs.

Bataille des chiffres

‘Certaines choses ne peuvent tout simplement pas être corrigées. Pourquoi voudriez-vous subventionner une industrie qui utilise de l’énergie juste parce qu’elle est configurée pour gaspiller les ressources ?’, a exposé au site américain The Verge le data scientist de la banque centrale des Pays-Bas, Alex de Vries, surnommé dans la communauté crypto ‘le meilleur ennemi de Bitcoin’.  

Il fait écho à une étude publiée cette semaine dans la revue scientifique Nature qui corrobore ses propres estimations : la consommation annuelle d’énergie de la blockchain Bitcoin en Chine devrait culminer à 296,59 Térawattheures (Twh) et générer 130,50 millions de tonnes métriques de carbone en 2024.

Une surestimation que nuancent les défenseurs du Crypto Climate Accord, concédant que l’industrie des cryptomonnaies, dont la capitalisation boursière dépasse actuellement les 2.000 milliards de dollars, utilise globalement environ 150 Twh d’électricité.

‘Nous devrions nous soucier de la durabilité dans la crypto car, en fin de compte, ce qui est bon pour le climat l’est également pour la crypto. En rendant la crypto verte, nous pouvons continuer à augmenter le nombre de particuliers et d’entreprises qui investissent dans la crypto et/ou utilisent la technologie’, ponctuent les initiateurs de l’Accord.

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