Les chiffres constitués par le think tank Bruegel sont éloquents : la consommation de gaz continue de baisser en Europe alors que les prix sont à nouveau raisonnables. La consommation en 2023 n’a plus rien à voir avec la consommation moyenne entre 2019 et 2021.
Dans l’actu : la consommation de gaz continue de baisser en Europe et en Belgique.
- Face à la crise énergétique, l’Union européenne s’était fixé comme objectif de réduire sa consommation de 15%. Objectif presque rempli en 2022, où la consommation a été inférieure de 12%, par rapport à la moyenne 2019-2021.
- Les prix du gaz y ont aidé. L’indice de référence, le TTF néerlandais, avait atteint le prix astronomique de 340 euros le MWh, en août dernier. L’hiver relativement doux aura fait le reste : la demande en octobre 2022 était de 27%, en novembre de 24% et en décembre (le mois le plus froid) de 13% inférieure à la moyenne des années précédentes. Ce sont les ménages qui se sont serrés le plus la ceinture.
- La tendance s’est toutefois confirmée aux premier et deuxième trimestres 2023. La demande de gaz de l’UE était respectivement inférieure de 18 % et 19% à la moyenne. L’effort le plus conséquent a ici été réalisé dans le secteur de la production d’électricité.
- Par pays, en Belgique, la consommation de gaz a varié de -16% (2022), -17% (2023 Q1), -19% (2023 Q2) et de -27% en juillet 2023 (mais comparaison moins pertinente, car il s’agit d’une consommation mensuelle). C’est en Finlande, en Suède et dans les pays Baltes que la demande a été la plus faible, selon les données compilées par Bruegel.

Credit : Bruegel
- Par secteur, la consommation des ménages a globalement diminué tout au long de la période analysée. La consommation de l’industrie a repris de la vigueur à l’inverse de la production d’électricité qui est en baisse constante depuis janvier.

L’essentiel : évitera-t-on une nouvelle crise énergétique cet hiver ?
- Le prix du TTF est en baisse constante depuis août 2022 et se situe aujourd’hui autour des 30 euros le MWh. Mais à quoi s’attendre pour cet hiver ?
- Tout d’abord les facteurs explicatifs : la demande de gaz a baissé, on l’a vu, grâce à des prix prohibitifs, la météo, et par une politique d’incitation pour baisser la consommation. L’UE a d’ailleurs maintenu son objectif de réduire sa consommation de 15% jusqu’au mois de mars 2024. Le message est clairement passé : tout le monde fait plus attention à sa consommation.
- Un autre facteur est la performance des énergies renouvelables. La production de l’éolien et du solaire a établi un nouveau record en 2022, et les perspectives sont plutôt bonnes, selon l’Agence internationale de l’énergie.
- Un exemple concret avec la Belgique : en mai et en juin, mois très ensoleillés, les prix de l’électricité ont même été par moment en territoire négatif.
- Enfin, il faut aussi tenir compte des réserves de gaz de l’UE : elles sont en très bonne voie pour se remplir dans les temps, voire même un peu trop tôt. La capacité de stockage maximale pourrait être atteinte avant l’hiver.
- Quoi qu’il en soit, la situation est beaucoup plus favorable que l’année dernière : en juillet, les stocks de gaz étaient remplis à presque 80%, à savoir 887 térawattheures (TWh) de gaz stocké, contre 668 TWh l’année dernière à la même époque. Nous avons terminé l’hiver avec 56% de réserve de gaz contre à peine 26% un an plus tôt.
- Le prix du TTF pourrait grimper autour des 50 euros le MWh, selon les prévisions. Mais beaucoup de choses peuvent encore faire varier ce prix : l’état de l’économie, la météo et toute une série de choses tout aussi imprévisibles.