L’AIE ultra-optimiste sur les énergies renouvelables : « Si la météo est bonne, elles dépasseront le charbon dès 2024 »

Prévu pour 2025, le dépassement mondial du charbon par les énergies renouvelables pourrait se produire un an plus tôt. Dans un rapport, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) se montre très optimiste.

Pourquoi est-ce important ?

S'il fallait trouver une retombée positive de la tragique guerre en Ukraine, ce serait sans nul doute le boost qu'elle a donné au développement des capacités de production d'énergie renouvelable. La cadence a tellement accéléré que l'AIE revoit ses estimations à la hausse.

Dans l’actu : le renouvelable devant le charbon dès 2024 ?

  • Dans un nouveau rapport, l’AIE annonce qu’à l’échelle mondiale, la production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelable pourrait dépasser celle du charbon dès l’an prochain.
  • Que cela se produise en 2024 ou en 2025, une chose est sûre : l’électricité verte gagne du terrain à grande vitesse.

Le détail :

  • Première nouvelle rassurante donnée par l’AIE : toute la croissance de la demande d’électricité qui surviendra dans les deux prochaines années devrait pouvoir être couverte par les énergies renouvelables.
    • En 2023, l’augmentation de la consommation d’électricité devrait être l’ordre de 2%. En 2024, de 3,3%.
    • Dans le même temps, les capacités mondiales d’énergie renouvelable devraient augmenter d’un peu moins de 7% l’an prochain et de 11% l’année suivante. Il y aura de quoi faire.
  • De la sorte, dès 2024, la part du renouvelable dans le mix électrique mondial devrait passer à un tiers, ajoute l’AIE.
  • A ce rythme, l’électricité verte devrait dépasser celle produite via le charbon dès l’an prochain « si les conditions météorologiques sont favorables ». 2024, c’est un an plus tôt que ce que les dernières estimations de l’agenceavaient donné.
    • L’éolien a besoin de vent, le photovoltaïque de soleil et l’hydraulique d’eau, bien entendu, mais ce n’est pas tout.
    • Un hiver froid pourrait faire repartir les prix du gaz vers le haut, ce qui pourrait à son tour provoquer un retour au charbon susceptible de mettre à mal l’espoir d’atteindre ce cap dès l’an prochain.

L’autre explication : les combustibles fossiles déclinent vraiment.

  • Le charbon devrait bientôt opérer un mouvement opposé à celui du renouvelable. Là où il avait (légèrement) augmenté en 2022, il devrait baisser cette année et la suivante, estime l’AIE.
    • On parle bien là à l’échelle mondiale. Dans des pays comme la Chine et l’Inde (des pays qui tirent la demande vers le haut), la production d’électricité via le charbon va continuer d’augmenter. Mais cela sera compensé par les « fortes baisses » aux États-Unis et en Europe.
  • Le constat peut être élargi à l’ensemble de l’électricité produite via des combustibles fossiles (gaz, pétrole, charbon), précise l’agence : le déclin semble être devenu « structurel« .
    • Entre 2019 et 2024, la production d’électricité via des combustibles fossiles devrait ainsi avoir diminué lors de quatre années sur six. Auparavant, un tel phénomène était rare, se produisant principalement après des chocs énergétiques et financiers mondiaux, note l’AIE.
    • « Le monde se rapproche rapidement d’un point de basculement où la production mondiale d’électricité à partir de combustibles fossiles commencera à décliner et sera de plus en plus remplacée par de l’électricité produite à partir de sources d’énergie propres », lit-on dans le rapport.
  • L’AIE espère que cette tendance se confirmera sur le long terme. « Il est maintenant temps pour les décideurs politiques et le secteur privé de s’appuyer sur cette dynamique pour s’assurer que les émissions du secteur de l’électricité connaissent une baisse durable », commente Keisuke Sadamori, directeur des marchés de l’énergie et de la sécurité de l’AIE.
L’évolution du recours aux différentes ressources pour produire de l’électricité entre 2019 et 2024, à travers le monde. (AIE)

Surtout grâce à l’UE

Conséquence : émissions en baisse.

  • Le principal enjeu de ces différentes façons de produire de l’électricité concerne bien sûr les émissions qu’elles engendrent.
  • Selon l’AIE, il y aura une baisse de 1% (sur un an) des émissions liées à la production d’électricité en 2023. Et ce sera la même chose en 2024. C’est un petit exploit, sachant qu’elles ont encore augmenté de 1,3% l’an dernier.
  • À nouveau, ces chiffres concernent l’ensemble de la planète. Certaines régions contribuent beaucoup plus que d’autres à cette diminution.
    • La meilleure élève est l’Union européenne.
      • On vous renverra toutefois vers cet article pour nuancer le tableau : en plus du renouvelable, l’UE fait aussi baisser ses émissions via le GNL (qui, bien que polluant, est a priori moins « sale » que le charbon), ce qui pousse d’autres pays (surtout en Asie) à opter pour le charbon.
    • Les États-Unis prennent la deuxième place.
    • A l’inverse, la Chine et l’Inde vont voir leurs émissions liées à l’électricité continuer d’augmenter dans les deux années à venir, selon l’AIE.
L’évolution des émissions de CO2 liées à la production d’électricité entre 2022 et 2024 dans les différentes régions du monde. (AIE)
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