La guerre en Ukraine n’a pas seulement des effets sur les soldats et les civils eux-mêmes ; les équipements souffrent également de cette bataille 24/7. L’artillerie lourde, en particulier, s’use.
L’actualité : réparations à domicile possibles, mais limitées.
- L’Allemagne et les Pays-Bas ont fourni conjointement 19 Panzerhaubitze 2000, de grosses pièces d’artillerie mobiles. Mais l’Ukraine ne peut déployer, simultanément, que la moitié d’entre eux : les appareils sont constamment soumis à une rotation, car ils ont souvent besoin de maintenance, et celle-ci doit être effectuée en Lituanie, à quelque 900 kilomètres du front de Kherson.
- Les obusiers blindés étant de fabrication allemande, ils sont généralement entretenus en Allemagne, mais le pays a déjà négocié avec la Lituanie pour y installer un site de réparation, et le même accord est par ailleurs envisagé avec la Slovaquie. La Pologne était aussi une option, car elle est limitrophe de l’Ukraine, mais celle-ci refuse de coopérer ; l’Allemagne veut implanter son propre atelier, avec son propre personnel en Pologne, tandis que les Polonais sont plutôt favorables à une construction où l’Allemagne fournit la technologie et où une entreprise publique répare les engins.
- Même les obusiers M777, dont les États-Unis, le Canada et l’Australie ont fourni ensemble 152 exemplaires, et les Caesar fournis par la France, doivent être maintenus à 90 % à l’étranger. Les systèmes de missiles HIMARS présentent actuellement peu de problèmes, mais ils devront, eux aussi, être envoyés à l’étranger pour être réparés.
- Cela ne veut pas dire que l’Ukraine n’effectue pas elle-même des réparations. Le système de maintenance ukrainien fonctionne en trois étapes :
- Étape 1 : Les mécaniciens ukrainiens effectuent les réparations qu’ils peuvent.
- Étape 2 : les Ukrainiens contactent des experts occidentaux, qui les aident à résoudre leurs problèmes par téléphone ou en ligne.
- Étape 3 : « Ce n’est que si les problèmes sont vraiment graves que les appareils doivent être expédiés vers un site de réparation situé en dehors de l’Ukraine », a déclaré Mark Cancian, consultant pour le groupe de réflexion américain CSIS (Center for Strategic & International Studies) au Wall Street Journal.
Les problèmes : L’artillerie occidentale ne semble pas être à la hauteur dans une guerre de haute intensité.
- Les PzH2000 allemands ne sont pas faits pour tirer autant de coups par jour. Selon les responsables allemands, la limite de 100 tirs par jour est recommandée ; l’Ukraine tire environ 300 obus par canon ; le système de tir ne peut pas tenir ce rythme.
- L’Allemagne elle-même n’a qu’une centaine de PzH2000 en stock, et ne dispose déjà pas de suffisamment de pièces de rechange. Très peu de pièces ont donc été livrées en Ukraine, ce qui rend la maintenance et le remplacement difficiles.
- En outre, les artilleurs ukrainiens eux-mêmes jouent également un rôle : ils ne remplacent pas assez rapidement les pièces usées, ce qui devrait être fait tous les deux jours en raison de la cadence de tir élevée. Le fait de laisser et d’utiliser ces pièces pendant trop longtemps les endommage au point qu’elles ne peuvent plus être réparées.
- Un artilleur ukrainien indique également que les pièces d’artillerie russes sont plus faciles à entretenir : elles contiendraient beaucoup moins d’électronique et de technologie intelligente, ce qui n’améliore pas la précision, mais permet de remplacer les pièces plus rapidement.
La solution : L’Ukraine et les alliés occidentaux cherchent ensemble une solution.
- Des officiers d’artillerie ukrainiens sont transférés en Allemagne pour apprendre à travailler avec via des simulateurs. Les militaires allemands doivent s’entraîner avec ces armes pendant quatre mois, mais pour les Ukrainiens, cette période a été réduite à 40 jours.
- L’Allemagne a également mis en place un service d’assistance en ligne, où les experts de l’armée allemande et des entreprises de défense où sont fabriqués les obusiers peuvent être mis en relation avec les techniciens ukrainiens.
RVW