Sans grande surprise, la décision de l’OPEP+ de réduire sa production de pétrole de 2 millions de barils par jour passe très mal dans le reste du monde en général, et en Occident en particulier. Le gouvernement des États-Unis, seul grand producteur capable d’avoir une influence sur les prix du pétrole indépendamment des pays arabes et de leurs alliés, compte bien contre-attaquer.
Cette semaine, l’OPEP+ – l’appellation consacrée pour l’organisation des pays du Golfe exportateurs de pétrole ainsi que leurs partenaires, dont la Russie – a annoncé freiner sa production de 2 millions de barils par jour en novembre. Un choix purement mercantile visant à enrayer toute baisse du cours du pétrole, et qui passe d’autant plus mal que le monde est plongé dans une grande pénurie énergétique.
Le gouvernement des États-Unis est furieux, alors qu’il négocie depuis des mois auprès des différents pays de l’OPEP, l’allié saoudien en tête, pour obtenir une augmentation de la production qui compenserait les embargos décrétés contre le pétrole russe. Et il ne compte pas rester inactif.
L’Empire contre-attaque
Dans un communiqué, la Maison Blanche a déclaré que M. Biden était « déçu par la décision à courte vue de l’OPEP+ de réduire les quotas de production alors que l’économie mondiale doit faire face à l’impact négatif continu de l’invasion de l’Ukraine par Poutine. « À la lumière de l’action d’aujourd’hui, l’administration Biden va également consulter le Congrès sur des outils et des pouvoirs supplémentaires pour réduire le contrôle de l’OPEP sur les prix de l’énergie. »
La Maison Blanche a ajouté que le président avait demandé au département de l’Énergie de libérer 10 millions de barils supplémentaires de la réserve stratégique de pétrole le mois prochain afin de faire baisser quelque peu les prix dans le pays.
Mais d’autres mesures sont probables, selon CNBC, avec pour objectif une réduction de l’influence de l’OPEP sur les prix du pétrole: « Une action du Congrès sur la législation NOPEC semble également être une issue crédible à la lumière de la déclaration du Conseil national de sécurité sur la collaboration avec le Congrès pour réduire l’influence globale de l’OPEP sur le marché pétrolier estiment auprès du média américain les analystes de RBC Capital Markets. « L’opposition de la Maison Blanche au NOPEC a servi de frein aux dirigeants du Congrès. Le coup de sifflet d’aujourd’hui peut être interprété comme un signe que le président ne fera pas nécessairement obstacle à un vote en séance plénière sur le projet de loi qui déclarerait l’OPEP comme un cartel et soumettrait ses membres à la législation antitrust Sherman. »
NOPEC, l’arme anti-cartel
Le projet de loi NOPEC (No Oil Producing and Exporting Cartels) vise à protéger les consommateurs et les entreprises des États-Unis contre les hausses artificielles du prix du pétrole, rappelle CNBC. La législation américaine, qui a été adoptée par une commission du Sénat début mai, mais n’a pas encore été promulguée, pourrait exposer les pays de l’OPEP et leurs partenaires à des poursuites judiciaires pour avoir orchestré des réductions de l’offre qui font augmenter les prix mondiaux du brut. Mais cette loi, qui ne fait pas l’unanimité, doit encore être adoptée par le Sénat et la Chambre des représentants, avant d’être promulguée par le président.
Les principaux ministres de l’OPEP ont déjà critiqué le projet de loi NOPEC, avertissant que la législation américaine entraînerait un plus grand chaos sur les marchés de l’énergie. « Nous allons continuellement prouver que l’OPEP+ est là non seulement pour rester, mais pour rester en tant que force modératrice pour apporter la stabilité » a déclaré le prince Abdulaziz bin Salman, ministre saoudien de l’Énergie, lors d’une conférence de presse à Vienne ce mercredi.