Les ministres des Affaires étrangères des 27 étaient réunis à Buxelles ce lundi. Et aucun accord n’a pu être dégagé sur un boycott progressif du pétrole russe d’ici la fin de l’année.
Ils sont 4 pays à demander des exemptions, et des garanties au niveau de leur approvisionnement, mais c’est la Hongrie d’Orban qui est tenue pour responsable. Il est vrai que le Premier ministre hongrois, soupçonné d’accointances avec Poutine, a un discours nettement plus offensif que ses homologues tchèque, bulgare ou slovaque. Orban demande plus de temps, mais aussi de l’argent frais européen. Sans quoi ça sera sans lui: le nationaliste dit vouloir éviter « une bombe atomique sur l’économie hongroise ». Il estime le prix de la transition dans son pays à 15 voire 18 milliards d’euros.
Les plus fervents défenseurs de l’embargo sur le pétrole et les produits raffinés russes commencent tout doucement à perdre patience. Et la Lituanie en fait définitivement partie. Son ministre des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, a tout simplement suggéré à son homologue ukrainien, invité à la réunion, de couper le robinet à la Hongrie, puisque l’oléoduc passe par l’Ukraine.
« L’État membre qui ne peut pas nous aider à trouver un consensus [ndlr : la Hongrie] est dépendant de l’approvisionnement en provenance d’Ukraine, donc si celui-ci était coupé depuis l’Ukraine, la question des sanctions serait automatiquement résolue ».
L’Ukrainien Dmytro Kuleba n’a pas voulu envenimer encore un peu plus la situation, même s’il ne comprend pas l’attitude de la Hongrie: « Pour arrêter la machine de guerre russe, il faut priver Poutine d’argent, car c’est la seule chose qui l’intéresse : le pouvoir et l’argent. Le temps commence à manquer, car tous les jours la Russie gagne de l’argent et investit cet argent dans la guerre. Mais il ne me revient pas de m’engager dans une bataille rhétorique avec la Hongrie. C’est une question que l’Union européenne doit régler, car c’est leur problème de famille. »
« Jusque fin mai »
D’après certains diplomates, les négociations pourraient durer jusque fin mai, où un sommet européen extraordinaire sera prévu les 30 et 31 mai prochains.
Le principal point de discorde reste le délai de l’embargo. Les 4 pays concernés se sont vu proposer une dérogation jusque 2024, alors que les autres envisagent un boycott d’ici 6 mois pour le pétrole russe et d’ici la fin de l’année pour tous les produits raffinés. Mais cela ne semble pas suffisant.
Si aucun accord n’est trouvé, on pourrait assister à un accord à plusieurs vitesses, certains États prenant l’initiative de se priver par eux même du pétrole russe. C’est le cas de l’Allemagne qui a radicalement changé son fusil d’épaule sur cette question. Le pays d’Olaf Scholz arrêtera quoi qu’il arrive les importations de pétrole russe d’ici la fin de l’année, ont avancé des diplomates allemands, rapporte Bloomberg.
Tuer les exportations russes, c’était le message de Dmytro Kuleba, hier aux 27, qui disent avoir déjà l’intention de préparer un 7e paquet de mesures. Mercredi, la Commission doit présenter un plan pour se passer de 40% des importations de gaz d’ici la fin de l’année via la transition vers les énergies renouvelables. Charbon, pétrole, gaz… la Russie sera alors cernée de tous les côtés.