Alors que bon nombre d’Etats à travers le monde songent à introduire un passeport vaccinal afin de relancer les voyages internationaux, le comité d’urgence de l’OMS s’y oppose vivement. Un avis principalement motivé par deux arguments.
La septième réunion du comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) concernant le Covid-19 s’est tenue le 15 avril, mais ses conclusions n’ont été publiées que lundi. Via un communiqué, le comité a fait part de son opposition aux différents projets de passeport vaccinal en préparation aux quatre coins du monde.
Les experts de l’OMS, chargés de conseiller le patron de l’organisation, invitent à ‘ne pas exiger de preuve de vaccination comme condition d’entrée’ pour les voyageurs internationaux ‘étant donné les preuves limitées (bien que croissantes) concernant la performance des vaccins sur la réduction de la transmission et étant donné l’inégalité persistante en matière de distribution mondiale des vaccins’.
‘Les États membres sont vivement encouragés à reconnaître que l’exigence d’une preuve de vaccination peut aggraver les inégalités et favoriser une liberté de circulation différenciée’, ajoutent-ils.
Inégalités d’âge et de nationalité
Les vaccins homologués jusqu’ici par les différents régulateurs sanitaires ont prouvé leur efficacité pour lutter contre les symptômes liés au Covid-19. En revanche, concernant leur potentiel à empêcher la contamination et donc la transmission du virus, les preuves sont pour l’instant moins tangibles. Jusqu’à présent, quelques études, notamment réalisées par des universités britanniques, semblent toutefois de bon augure. Il y en a ainsi eu une à Cambridge concernant le vaccin Pfizer et une autre à Oxford au sujet du vaccin AstraZeneca. De façon générale, les pays qui vaccinent le plus (Israël, Royaume-Uni, États-Unis) tendent également vers une baisse des contaminations et vers un déconfinement. Le Chili, à l’inverse, se reconfine, touché par une dure vague de coronavirus malgré une campagne de vaccination ultra-rapide. Les experts de l’OMS préfèrent prévenir que guérir: en l’absence de certitude, la vigilance doit rester de mise.
Le deuxième argument avancé par le comité d’urgence a trait aux inégalités. Elles sont essentiellement de deux types.
D’une part, quasiment partout dans le monde, ce sont les personnes les plus âgées qui ont accès aux vaccins en priorité. L’introduction d’un passeport vaccinal pénaliserait les plus jeunes, dont beaucoup n’ont pas encore eu l’opportunité de recevoir une injection.
D’autre part, seuls les pays les plus riches vaccinent massivement leur population. D’après des estimations réalisées par Bloomberg le 9 avril dernier, 40% des vaccins ont été envoyés auprès 27 pays qui ne rassemblent que 11% de la population mondiale. L’initiative Covax, déployée par l’OMS pour approvisionner les pays les plus pauvres, éprouve beaucoup de difficultés à se mettre sur les bons rails. À titre d’exemple, à la date du 8 avril, seuls 2% des doses administrées dans le monde l’avaient été sur le continent africain.
Malgré ces critiques, le passeport vaccinal semble en bonne voie de concrétisation. L’Union européenne a déjà présenté son projet à ce sujet, la Chine a déjà lancé sa version, tandis que les compagnies aériennes y travaillent également. Aux États-Unis, la Maison Blanche a affirmé début avril qu’elle n’imposerait pas de passeport sanitaire, tout en soulignant que le secteur privé était libre d’avancer vers cette idée.
Sur le même sujet: