Ce mardi, les Américains sont appelés à se rendre aux urnes pour élire leur nouveau président pour les 4 prochaines années. Deux grands candidats s’affrontent: Donald Trump, le président sortant et Joe Biden, ancien vice-président sous Barack Obama. Voici comment va se dérouler cette journée d’élection.
Dès 6 ou 7 heures (heure locale), les électeurs ont pu se rendre au bureau de vote le plus proche afin de voter pour leur candidat préféré. Seuls deux villages, Dixville Notch et Millsfield, ont pu ouvrir les bureaux dès minuit, comme le veut la tradition.
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Les citoyens qui se sont inscrits sur les listes d’électeurs vont pouvoir désigner qui, selon eux, mérite le plus d’être président. Mais attention, les Américains ne votent pas directement pour leur président, mais pour de grands électeurs. Ces émissaires forment le collège électoral américain, qui va, lui, nommer le président.
Par ailleurs, les citoyens américains voteront également ce mardi pour élire leurs représentants à la Chambre et/ou au Sénat, leurs procureurs, leurs shérifs ou encore leurs gouverneurs. En outre, ils pourront aussi donner leur avis sur une série de questions propres à leur État.
Les grands électeurs
Les électeurs vont donc voter soit pour les républicains, soit pour les démocrates, soit pour un candidat indépendant. À la fin de la journée, les dépouillements sont organisés, et chaque État annonce quel parti a obtenu la majorité. Tous les grands électeurs de l’État seront donc associés à la couleur politique qui a reçu le plus de votes, et ce même si le scrutin est serré.
Prenons l’exemple d’un État fictif doté de 3 grands électeurs et où 9 citoyens vont voter. Si 4 citoyens votent pour les rouges et 5 pour les bleus, les bleus gagnent et les 3 grands électeurs seront choisis au sein de ce parti. Les rouges n’obtiendront aucun grand électeur, malgré qu’ils aient obtenu 44% des voix.
Le nombre de grands électeurs d’un État est fixé en fonction de sa démographie. Mais dans la pratique, le procédé de calcul est bien plus compliqué, car il faut que tous les États soient représentés, même les plus petits, tandis que les plus gros États ne peuvent pas non plus se voir attribuer un trop grand nombre de grands électeurs, au risque que les élections ne se jouent plus que chez eux.
Ainsi, le plus grand État, la Californie, compte 55 grands électeurs, pour plus de 39.500.000 citoyens. Les plus petits États, comme le Dakota du Sud, comptent 3 grands électeurs, pour un peu plus de 884.000 citoyens. Un grand électeur californien représente donc 700.000 Américains, tandis que ce même émissaire dans le Dakota en représente 290.000. Ce n’est donc pas totalement proportionnel.
Quoi qu’il en soit, les grands États sont des points majeurs de ces élections. Si la Californie est déclarée démocrate, ce sont 55 grands électeurs qui seront favorables à ce parti. Pour égaliser leur concurrent, les républicains devront gagner plusieurs autres États comme le Texas, la Floride ou New York.
Collège électoral
La nuit prochaine, lorsque tous les bureaux de vote auront été dépouillés, les États seront donc déclarés soit républicains, soit démocrates (il y a en réalité peu de chance qu’un indépendant gagne). Les grands électeurs pourront alors être désignés, suivant le camp gagnant. Il sera alors possible de prédire qui deviendra président en comptant le nombre de grands électeurs dans chaque parti.
Dans les faits, les 538 grands électeurs vont se réunir au sein du collège électoral. Dans 90% des cas, ils suivent la majorité et votent selon la couleur de leur État. Il faut qu’au minimum 270 membres du collège votent pour un même candidat pour que ce dernier soit élu.
Ce principe de démocratie indirecte donne la possibilité à un président d’être élu même s’il n’a pas obtenu la majorité des voix parmi les citoyens. En 2016, Hilary Clinton avait obtenu au total 48,2% des voix des petits électeurs, contre 46,1% pour Trump. Mais les personnes favorables à Hilary se trouvaient principalement dans de petits États. Son parti n’a donc recueilli que 227 grands électeurs, alors que Trump en avait 304.
Si les grands électeurs n’arrivent pas à se départager avant le 8 décembre, ce sera à la Chambre des représentants de décider qui deviendra le nouveau président. Actuellement, la majorité à Chambre est détenue par les démocrates, la victoire devrait donc revenir à Joe Biden.
‘Swing States’
Même s’il est impossible de prédire l’issue des votes, dans la plupart des États, il existe de grandes tendances. Cette année, les sondages indiquent qu’il est pratiquement sûr que Joe Biden gagne la Californie, New York et l’Illinois, tandis que Trump a les faveurs du Tennessee, de l’Alabama et du Kentucky.
Mais dans plusieurs Etats, le résultat se joue littéralement à quelques voix près. Les scores sont toujours extrêmement serrés. C’est ce qu’on appelle les Swing States. Ils peuvent littéralement faire basculer les élections. Cette année, ces États cruciaux sont :
- Minnesota
- Wisconsin
- Iowa
- Michigan
- Pennsylvanie
- Caroline du Nord
- Géorgie
- Floride
- Texas
- Arizona
Aujourd’hui, l’attention sera donc fortement concentrée sur ces régions.
Vote par correspondance
Si de nombreuses personnes vont faire le chemin jusqu’aux urnes ce mardi, une bonne partie des électeurs a déjà voté depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Aux États-Unis, il est possible de voter de manière anticipée par correspondance. Le pays est vaste et certaines personnes habitent à plusieurs centaines de kilomètres d’un bureau de vote. Les bulletins postaux donnent une chance à tous les citoyens de pouvoir voter s’ils le désirent.
Cette année, avec la pandémie de coronavirus, le vote par correspondance a été largement plébiscité. Il permet d’éviter des rassemblements de masse qui pourraient propager encore plus fortement le virus. Lundi, on dénombrait déjà plus de 95 millions de votes anticipés.
Ce mode de scrutin déplait fortement à Trump qui y voit un moyen de frauder massivement, ce qu’il n’a toutefois jamais pu prouver. S’il venait à perdre ce soir, il pourrait contester les résultats en accusant directement le vote par correspondance. Joe Biden a préparé une ‘armée d’avocat’ pour parer à toute attaque venant de Trump sur les résultats officiels.