La crise et l’instabilité en Afghanistan ont des racines profondes. Grâce à la collecte de données de différents instituts de recherche, il est possible de reconstituer les différentes phases du conflit depuis 1989.
Escalade depuis 1996
1996 a été une année phare. Non seulement les talibans ont pris Kaboul pour la première fois, mais le chef d’Al-Qaida, Oussama Ben Laden, est entré dans le pays. À partir de ce moment, l’organisation terroriste a mené une série d’attaques contre les États-Unis, dont le point culminant a été l’attentat contre les tours jumelles le 11 septembre 2001. La réaction du président américain de l’époque, George W. Bush, ne semble pas avoir eu d’effet immédiat sur la situation au Moyen-Orient : les conflits restent à peu près au même niveau que les mois précédents.
La température est montée crescendo depuis 2004. À cette époque, Hamid Karzai était devenu président. Il a été le premier dirigeant afghan après la première défaite des talibans. Les conflits ont continué à augmenter au cours des années suivantes. L’Afghanistan a semblé connaître une certaine paix peu après la mort de Ben Laden, mais lorsque l’OTAN a décidé de cesser les combats en 2014, les altercations violentes ont ressurgi de façon presque exponentielle.
Stratégie américaine
Nous obtenons presque le même graphique lorsque le nombre de décès dus au conflit en Afghanistan, estimé par le programme de données sur les conflits d’Uppsala, est comparé aux mandats présidentiels américains. Le nombre de morts a commencé à augmenter au cours du second mandat de George W. Bush et a atteint un pic au cours des années de Donald Trump.
Oussama Ben Laden a été tué en mai 2011. Les données suggèrent qu’à cette époque, l’administration américaine poursuivait une stratégie de sortie de l’Afghanistan sans tenir compte de la stabilité du pays.
Le nombre de morts a fortement augmenté en 2013, lorsque le chef historique des talibans, le mollah Omar, a été assassiné. Cependant, la violence n’a pas cessé depuis lors.
Le retour des Talibans
La carte montre comment les combats entre le gouvernement afghan, les talibans et d’autres groupes ont été presque incessants ces dernières années. Le nombre de décès est une estimation moyenne provenant d’Acled (The Armed Conflict Location & Event Data Project).
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La crise humanitaire
Le nombre de personnes sans abri à cause du conflit continue d’augmenter en Afghanistan. En 2011, il y a dix ans, on comptait quelque 186 000 nouveaux réfugiés. En 2016, le pic était de 653 000 personnes. Nombre d’entre eux n’ont pas trouvé de nouveau foyer, le nombre total de sans-abris ayant continué à augmenter pour atteindre 3,5 millions. C’est un peu plus que la population de la métropole de Milan : 3,2 millions.
Depuis 2009, l’agence européenne des frontières Frontex a enregistré près d’un demi-million de migrants en provenance d’Afghanistan. La plupart d’entre eux ont emprunté la voie de fuite orientale de la Méditerranée, risquant leur vie entre la Turquie et la Grèce. La vague migratoire afghane a quelque peu anticipé la dernière crise des réfugiés, atteignant un pic pour la route maritime en 2015.
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Soit dit en passant, le nombre de passages de frontières n’est pas nécessairement égal au nombre de réfugiés. Après tout, une même personne peut franchir une frontière plusieurs fois. Enfin, on constate qu’à l’automne 2019, le nombre de passages de frontières a recommencé à augmenter. À peu près à la même époque, l’Afghanistan est entré dans le chaos qui a conduit aux derniers résultats dramatiques.
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