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4 ans pour sortir un Cybertruck des cartons : comment expliquer un tel délai ?

4 ans pour sortir un Cybertruck des cartons : comment expliquer un tel délai ?
(Photo by FREDERIC J. BROWN/AFP via Getty Images)

Mieux vaut tard que jamais, pourrait-on se dire face au premier Cybertruck enfin sorti d’usine, samedi. La production du pick-up futuriste a mis bien plus de temps que prévu pour se réaliser. Le problème d’Elon Musk est qu’il adore les effets d’annonce et qu’il a trop de projets à la fois.

Dans l’actu : Enfin ! Quatre ans après l’annonce de son lancement, un premier Cybertruck a été produit par l’usine Tesla du Texas, a annoncé le constructeur dans un tweet samedi.

  • En janvier, l’entreprise avait indiqué qu’elle commencerait la production du Cybertruck dans le courant de l’année, avec un « événement » à ce sujet attendu vers la fin du troisième trimestre.
  • Elle prévoit une production en série du véhicule pour fin 2024.
  • Lors de l’assemblée générale annuelle des actionnaires de Tesla en mai, Elon Musk a assuré que Tesla pourrait atteindre une capacité de livraison annuelle allant de 250.000 à 500.000 unités une fois que la production serait lancée.
    • Il faudra mettre les bouchées doubles : en novembre 2022, le Cybertruck comptait plus de 1,5 million de réservations, selon un rapport d’Electrek.
  • Tesla avait initialement prévu de proposer le modèle à moteur unique et d’une autonome de 450 km à partir de 39.900 dollars aux États-Unis. Mais selon Kelley Blue Book, le prix de départ de ce modèle serait plutôt de 50.000 dollars.
    • La version à double moteur et transmission intégrale pourrait elle être proposée à partir de 60.000 dollars environ, avec une autonomie de plus de 480 km.
    • La version la plus coûteuse, débutant aux alentours de 70.000 dollars, sera équipée de trois moteurs électriques et d’une transmission intégrale, avec une autonomie de batterie de plus de 800 km, rapporte Tech Crunch.
  • Le Cybertruck doit aider Tesla à devenir compétitif sur le marché lucratif des pick-up électriques, qui comprend le R1T de Rivian, le Ford F-150 Lightning et le pick-up GMC Hummer EV.
  • Il faudra encore attendre mercredi, jour de la publication des résultats du deuxième trimestre de Tesla, pour connaître plus de détails sur la production et les livraisons.

Un retard interminable : Rappelons que lorsque Tesla a annoncé son concept de Cybertruck en 2019 – on se souvient tous de ce flop phénoménal avec une boule en métal cassant une vitre du pick-up, au grand désarroi d’Elon Musk – il était prévu que la production commence fin 2021.

  • On est donc sur un retard de près de deux ans, Musk soulignant les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, en particulier la crise des semi-conducteurs.
  • Des explications un peu réductrices toutefois : une fuite de documents confidentiels a mis en évidence des défauts majeurs dans la conception et l’ingénierie fondamentale du véhicule. En janvier 2022, un lanceur d’alerte a ainsi fourni au journal allemand Handelsblatt 100 Go de fichiers, révélant que les prototypes de préproduction rencontraient des problèmes sérieux de freinage, de transmission, de suspension, d’étanchéité et de structure.

Trop de projets à la fois

Zoom-arrière : Elon Musk est un homme d’affaires prolifique, certes. Mais n’oublions pas qu’il traîne derrière lui une longue liste de promesses encore non réalisées ou repoussées ad vitam ; le Cybertuck n’en est qu’un exemple.

  • Twitter : Elon Musk avait promis de très nombreuses choses lors de sa prise en main du réseau social fin de l’année dernière. Liberté d’expression absolue, chasse aux bots, accès de l’algorithme de Twitter en open source, des « changements de politique majeurs » sur le réseau soumis à un vote par sondage, des indemnités généreuses aux milliers d’employés licenciés… Autant de déclarations qui sont restées dans le vent. Le milliardaire semble au contraire mener une croisade pour générer le plus de revenus possibles avec son service payant Twitter Blue, mais il pourrait finir par voir les utilisateurs déserter le réseau social
  • Tesla : Un système d’Autopilot entièrement autonome qui se fait encore attendre, avec de nombreux retards. Elon Musk a beau multiplier les annonces selon lesquelles la conduite 100% autonome serait bientôt disponible pour sa marque de voitures électriques, force est de constater qu’ici aussi, on est loin de voir cette option devenir réalité. Surtout que Tesla a dans son historique plusieurs accidents mortels causés par son système de conduite avancée…
  • Les « robotaxis » : Qui se souvient du rêve d’Elon Musk de mettre sur les routes un million de « robotaxis », soit des taxis entièrement autonomes, pour 2020 ? Au lieu de cette avancée digne d’un film de science-fiction, on a eu droit à une pandémie tirée d’un film d’horreur, et trois ans plus tard, toujours pas un seul robotaxi à l’horizon… En avril 2022, Elon Musk avait toutefois affirmé que ce concept pourrait être présenté cette année (attendons toujours) avec une production en 2024. À prendre avec des pincettes, s’il faut encore le préciser.
  • L’Hyperloop : Un projet qui paraît bel et bien enterré, et qui semblait pourtant si prometteur (sur le papier, en tout cas) : il y a dix ans déjà, Musk présentait ce concept de transport capable de se déplacer à plus de 1220 km/h dans un tunnel sans frottements. En 2017, il a affirmé avoir eu l’approbation verbale du gouvernement pour construire un Hyperloop reliant New York à la capitale en 29 minutes. Mais les plans pour les tunnels ont été retirés du site web de The Boring Company quatre ans plus tard. Finalement, l’Hyperloop prévu en Californie a été remplacé par… des places de parking pour les employés de SpaceX.
  • SpaceX : En 2021, Musk annonce dans un tweet le lancement d’un programme révolutionnaire pour transformer le CO2 en carburant pour ses fusées SpaceX. Un projet qui semblait lui aussi prometteur, car il pourrait potentiellement réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en fournissant une source d’énergie renouvelable pour l’exploration spatiale. Sauf que depuis, on n’a plus aucune nouvelle. On ne sait pas si Musk a abandonné l’idée, s’il l’a gardée secrète ou s’il l’a simplement oubliée, comme tant d’autres.
  • SolarCity : Une autre brillante idée pour la planète mise au placard. Lorsque Tesla a fait l’acquisition en 2016 de SolarCity, une entreprise de panneaux solaires, le milliardaire a tweeté en 2019 qu’il « espérait fabriquer environ 1000 toits solaires par semaine d’ici à la fin de l’année ». Sauf que Tesla n’aurait installé en 2022 qu’une moyenne que 21 systèmes solaires par semaine, selon CNBC.
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