2 prisonniers indiens sur 3 n’ont pas encore été condamnés

En Inde, 68% de la population carcérale, est en détention préventive. En d’autres termes, plus de deux tiers des prisonniers d’Inde n’ont pas été condamnés, indique un rapport de l’Indian National Crime Records Bureau (NCRB), datant de 2016.

L’Inde ne compte pas le pourcentage le plus élevé de détenus en attente de procès. En Libye, ce chiffre atteint 90%. Cependant, ce pays ne compte qu’une population carcérale de moins de dix mille personnes. La Libye est précédée uniquement par les Etats-Unis qui comptent de loin la population carcérale la plus importante au monde. Toutefois, les détenus américains en détention préventive ne représentent que 20% de la population totale incarcérée.

Surpeuplement

« En attendant, sur les 433.000 prisonniers indiens estimés, plus de 293.000 attendent d’être jugés et le problème s’aggrave », écrit Maroosha Muzaffar, correspondante du magazine Ozy à New Delhi.

En 2014, moins de 283.000 étaient en détention provisoire dans les prisons indiennes. Dans certains États, pas moins de 82% de la population carcérale attend son procès.

Selon Ajay Verma, président du Forum national indien pour la réforme des prisons, les tentatives pour s’attaquer à ce problème ont échoué. Les prisons indiennes souffrent d’un surpeuplement important.

L’Inde compte 1.412 prisons d’une capacité totale d’environ 378.000 personnes. Cette capacité est suffisante pour l’accueil des condamnés. Toutefois, lorsque les personnes en détention provisoire sont incluses, la population totale de détenus représente 115% de la capacité d’accueil des prisons indiennes. À New Delhi, ce pourcentage grimpe à 227%.

L’année dernière, les autorités pénitentiaires indiennes ont demandé aux directeurs des prisons de s’attaquer à ce problème. Les directeurs généraux des établissements pénitentiaires d’État ont été invités à accélérer le traitement des personnes en détention provisoire et à mettre en place des comités de révision chargés d’atteindre les objectifs mensuels et de présenter des rapports d’activité.

« Nous n’avons pas encore vu l’efficacité de ces comités », a déclaré Verma. La Cour suprême a également demandé aux États de veiller à ce que la surpopulation ne crée pas de conditions inhumaines pour les prisonniers.

Entre-temps, 1.942 enfants sont hébergés dans les prisons indiennes avec leurs mères détenues.

Réticence politique

Entre 2011 et 2016, le nombre de prisonniers en attente de jugement a augmenté de près de 5%. « Dans tous les autres pays, seuls ceux qui ont commis un crime odieux sont incarcérés et les autres sont libérés sous caution. En Inde, tout le monde est envoyé en prison », a déclaré Sunil Gupta, ancien conseiller juridique pénitentiaire de Tihar et défenseur de la réforme pénitentiaire.

En mars 2018, le gouvernement indien a mis en place des mesures visant à réduire le nombre de détentions avant jugement. Mais, selon Gupta, le simple nombre de cas montre que la situation ne s’améliore pas.

Néanmoins, Gupta estime qu’il existe des solutions plus efficaces. En Inde, près du quart des personnes en détention provisoire sont incarcérées depuis plus d’un an. L’un des moyens pour résoudre ce problème serait de fixer un délai dans lequel les affaires doivent être jugées.

« Les riches sont capables de se frayer un chemin vers la liberté en Inde. Ce sont les pauvres et les marginalisés qui se retrouvent pris au piège dans le système. »

Cependant, il est difficile d’encourager les politiciens indiens à travailler à des réformes.

« En Inde, la volonté politique réelle de changer les choses pour les prisonniers est presque nulle », a encore déclaré Gupta.

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