10 choses à savoir sur le Hamas

Le Hamas ne disparaît jamais vraiment de l’actualité. Groupe terroriste selon la droite israélienne, organisation de libération selon les partisans de la cause palestinienne, il est certain que le parti a une longue histoire et de nombreux visages. Mais d’où viennent-ils et que veulent-ils réaliser ? Dix questions et réponses.

1. Qui a créé le Hamas?

Le Hamas est la branche armée palestinienne de la confrérie des ‘Frères musulmans’ et il a été fondé en 1987. Son nom complet est le ‘Mouvement de résistance islamique’ et ses principes de base sont la résistance armée contre Israël avec l’islam comme ligne directrice. Le Hamas est opposé à d’autres organisations plus laïques au sein de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

2. Comment le Hamas est-il devenu si important?

Le Hamas s’est construit pendant les premiers jours de l’Intifada palestinienne. Cette rébellion s’est accompagnée par des manifestations de rue et les premières formes de résistance armée. Son discours islamiste et anti-israélien a trouvé son audience parmi les Palestiniens conservateurs et les réfugiés qui avaient été chassés de leur maison après l’occupation israélienne. A partir de ce moment, le Hamas a continué de croître dans la bande de Gaza et sa victoire aux élections législatives en 2006 a créé la surprise. En 2007, il a pris le contrôle militaire de Gaza.

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3. Qui est derrière le Hamas?

Le Hamas n’est pas seulement un parti politique. Le mouvement a aussi un volet militaire et un volet social. En tant que parti politique, il n’y a qu’à Gaza que le Hamas joue un rôle important, car en Cisjordanie, c’est l’OLP qui domine.

L’aile militaire du Hamas affirme qu’elle fonctionne indépendamment du parti politique. Mais Israël et la plupart des autres pays ne le croient pas et accusent le Hamas de continuer à soutenir et à mener des actes de terrorisme.

4. Qui finance le Hamas?

Le Hamas peut compter sur des soutiens financiers visibles et invisibles du monde musulman. Les principaux bailleurs de fonds sont probablement le Qatar et la Turquie. L’Iran a soutenu le Hamas pendant des années avec des armes et de l’argent, et en entraînant sa branche armée. D’un autre côté, la branche sociale du Hamas a pu compter sur le soutien d’un réseau composé de nombreuses personnes et  d’organisations à but non lucratif (islamiques) à travers le monde.

5. Pourquoi le Hamas bénéficie de beaucoup moins de soutien en Cisjordanie?

La Cisjordanie est depuis longtemps plus socialement progressive que la bande de Gaza. Bien que le Hamas y compte pas mal de partisans ici aussi, une majorité de la population plus laïque lui préfère des partis de gauche ou le Fatah. En outre, l’armée israélienne est beaucoup plus présente en Cisjordanie, ce qui empêche le Hamas d’opérer ouvertement.

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6. Qui sont les alliés internationaux du Hamas?

Le plus grand partisan du Hamas à l’étranger a sans aucun doute été l’ancien président égyptien Mohammed Morsi, membre des Frères musulmans. Sous son régime, le Hamas importait librement des armes, des biens et de l’argent dans la bande de Gaza. Mais tout ceci a pris fin après le coup d’Etat militaire en Egypte en 2013. Les nouveaux dirigeants militaires ont interdit les Frères musulmans et ils ont fermé les frontières avec Gaza. Comme l’Egypte et Israël contrôlent tous les accès à Gaza au sol, par la côte et dans les airs, le Hamas est désormais complètement isolé du monde extérieur.

Après s’être rangée du côté des Frères musulmans dans leur conflit contre le président syrien Bachar al-Assad, l’organisation a également perdu le soutien de l’Iran. Seuls la Turquie et le Qatar restent désormais des alliés.

7. De quel soutien le Hamas jouit-il parmi les Palestiniens?

Le Hamas compte sur la grande colère des Palestiniens à l’égard d’Israël, de sorte qu’il finira par en sortir renforcé du conflit. Beaucoup dépendra du fait que l’organisation restera ou non isolée au niveau international. Si elle parvient à faire rouvrir au moins partiellement les frontières de la bande de Gaza, ce sera considéré comme un triomphe. En 2017, le Hamas avait annoncé vouloir accepter les frontières d’avant 1967 de l’État palestinien. Entre-temps, toutefois, de plus en plus de pays l’ont classé comme une organisation terroriste.

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8. Le Hamas a-t-il déjà négocié avec Israël?

Non, il n’y a jamais eu de négociations directes et il n’y en aura probablement pas dans un avenir proche. Il y a cependant des pourparlers et des négociations par le biais d’intermédiaires en Égypte. Selon l’organisation, le conflit avec Israël est politique et non religieux.

Des responsables israéliens ont confirmé en 2020 que des discussions ‘importantes’ étaient en cours avec le Hamas pour parvenir à un échange de prisonniers afin de ramener certains soldats israéliens détenus par le Hamas dans la bande de Gaza. Un an plus tard, les pourparlers n’ont pas progressé.

9. Que souhaite le Hamas actuellement ?

Ces derniers jours, le Hamas a tiré plusieurs roquettes en direction d’Israël. Ces dernières semaines, il y a eu de vives tensions entre la police israélienne de Jérusalem et les manifestants palestiniens. Le Hamas veut mettre fin à la violence contre les Palestiniens mais l’armée israélienne ne répond pas. Les deux groupes veulent déclarer Jérusalem comme capitale légitime et c’est là que le bât blesse.

Il n’y a pas d’amélioration immédiate de la situation car les deux camps ont déclaré qu’ils ne s’arrêteraient pas tant qu’ils n’auraient pas atteint leur objectif. Les émeutes et les bombardements ont déjà coûté la vie à 35 personnes (dont 12 enfants) côté palestinien et à un père et sa fille côté israélien.

10. Le Hamas obtiendra-t-il ce qu’il veut?

Ce sera très difficile. Israël et l’Égypte travaillent très durement contre le Hamas. Au niveau international, l’organisation peut compter sur un soutien, mais ces alliés restent curieusement silencieux lorsqu’il s’agit d’agir. Le conflit de cette semaine constitue, bien sûr, un dilemme difficile à aborder. Les deux partis pensent qu’ils sont dans leur droit.

Le gouvernement belge ne prend pas immédiatement position. L’UE reste elle aussi passive. Elle attend très probablement qu’une autre superpuissance fasse le premier pas. Résultat: la violence se poursuit dans la bande de Gaza.

Avec la contribution de Senne Croonen.

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