Le yuan est toujours en chute libre, et la nouvelle intervention de la banque centrale risque de ne pas changer grand-chose

Avec une sortie médiatique, la Banque centrale chinoise essaie de calmer le marché monétaire. Le yuan est en forte baisse par rapport au dollar. La saignée s’est quelque peu arrêtée, mais le message montre que la Banque ne fera rien de concret pour mettre fin à l’hémorragie.

À son plus bas depuis février 2008, le yuan vaut ce jeudi matin 7,1981 pour un dollar américain, après un pic à 7,25 mercredi. En février, la devise chinoise avait atteint le niveau de 6,31 pour un dollar, soit son meilleur niveau depuis quelques années. Depuis, elle est en chute libre, perdant près de 15%.

Cette dépréciation rapide s’explique par la force du dollar, les baisses des taux d’intérêt de la Banque populaire de Chine et les mauvaises perspectives économiques du pays (confinements, crise de l’immobilier, croissance bien plus lente qu’à l’accoutumée).

Début septembre, la Banque centrale est intervenue en baissant les réserves de devises étrangères que les banques doivent avoir (pour une deuxième fois en 2022). De cette façon, les banques peuvent échanger des devises étrangères contre des yuans, ce qui crée une demande pour le yuan et lui donne un coup de boost. Cela a stabilisé le yuan pendant une semaine, mais après, la saignée a continué.

« Ne pariez pas »

La libération de réserves n’ayant pas eu d’effet sur le long terme, la Banque centrale chinoise semble désormais tenter une autre approche. Elle met en garde les investisseurs : « il y a quelques entreprises qui suivent la tendance à la ‘spéculation sur les devises’, des institutions financières qui opèrent en violation de la loi et d’autres phénomènes, il faut renforcer l’orientation et la correction », écrit-elle dans un communiqué paru mercredi soir, qui reprend l’intervention télévisée du vice-gouverneur Liu Guoqiang, et traduit par intelligence artificielle.

« Ne pariez pas sur une appréciation ou une dépréciation unilatérale du taux de change du renminbi (ou RMB, autre nom du yuan, NDLR). Les longs paris sont perdus ».

« Le marché des changes est une affaire importante. Le maintien de la stabilité est la priorité », continue l’institution monétaire. Selon elle, les fluctuations ne sont pas d’une grande importance, car la situation serait sous contrôle. « L’actuel mécanisme de formation du taux de change du RMB est adapté aux conditions nationales de la Chine et peut faire jouer pleinement le rôle des ‘deux mains’ du marché et du gouvernement, et a historiquement résisté à l’épreuve de nombreuses séries de chocs extérieurs.

« Pas de niveau particulier défendu »

Pas d’intervention pratique et concrète donc. La Banque tente plutôt de rassurer et de calmer le marché. Comme dit plus haut, le yuan est retombé de son pic de 7,25 pour un dollar après l’annonce, mais cette accalmie pourrait ne pas durer.

Pour Goldman Sachs, les paroles de la Banque centrale montrent qu’elle est « préoccupée » par la dépréciation rapide. Mais d’un autre côté, le fait que la devise passe au-dessus de la barre de 7,20 pour un dollar « montre que l’institution ne défend pas de niveau particulier », écrivent les analystes de la banque de Wall Street dans une note citée par CNBC.

« Une des monnaies les plus fortes de l’année »

Autre élément qui pointe vers une dépréciation future : la Chine ne voit pas le taux de change avec le dollar comme le plus déterminant. « Le RMB s’est considérablement apprécié par rapport à l’euro, à la livre et au yen, et est désormais l’une des rares monnaies fortes du monde », clame l’institution.

Ce n’est pas entièrement vrai, cependant. Depuis un an, le yuan est dans le vert par rapport à l’euro (de 7,46 à moins de 7 pour un euro aujourd’hui). Mais depuis juillet, la monnaie européenne ne fait qu’augmenter : le yuan est passé de 6,81 à 6,95 pour un euro. Pour la livre et le yen, la chute est plus considérable et il n’y a pas de remontée récente.

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