La tension est palpable, tant chez les politiques que les experts. Sans doute aurait-on préféré que les restrictions décidées une semaine avant Pâques aient plus d’effets sur les courbes qui s’infléchissent très sensiblement. Le politique se retrouve maintenant coincé entre une situation épidémiologique loin d’être idéale et son calendrier du déconfinement.
D’abord une question que tout le monde se pose: les nouvelles restrictions ne sont-elles pas bonnes ou ne sont-elles pas suffisamment suivies ? La réponse penche pour la 2e proposition, ce qui pousse le monde politique et scientifique à penser autrement. C’était d’ailleurs le sens de la carte blanche parue dans Le Soir cette semaine et qui visait à ‘vivre avec le virus’ en accolant un label ‘Covid Safe’ aux enseignes qui respecteraient certains protocoles sanitaires.
Du côté politique, les libéraux francophones sont toujours ceux qui exercent la plus forte pression pour une réouverture. Leur président, Georges-Louis Bouchez, répète en boucle qu’il veut voir des décisions basées sur des réalités chiffrées. Faire ses courses est-il plus dangereux que d’aller au restaurant ? Emmener ses enfants à l’école et les récupérer chez soi est-il moins problématique que d’aller chez le coiffeur ? La science ne peut pas répondre à tout, précisément parce que chaque cas est différent, comme le soulignaient les auteurs de la carte blanche. Il faut changer d’approche. ‘Passer de la gestion de crise à la gestion du risque’, indiquait encore ce matin Georges Gilkinet (Ecolo), vice-premier ministre du gouvernement De Croo, avant le début du Codeco prévu à 9 heures.
Ce qui est sur la table
Commençons par ce qui semble acté.
- Autorisation des voyages non essentiels à l’étranger pour le 19 avril. Même s’ils ne seront bien sûr pas encouragés. Une exception sera-t-elle prévue pour le Brésil ? La variant brésilien inquiète de plus en plus, c’est également le cas en France où les vols ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre. Catherine Fonck (Cdh), dans l’opposition, suggère elle la quarantaine obligatoire pour les passagers revenant du Brésil.
- Retour dans les écoles le 19 avril pour les élèves du primaire et du secondaire à l’exception des 3e, 4e, 5e et 6e où la moitié du travail se fera à la maison. Les mêmes règles qui prévalaient en mars avant la fermeture seront appliquées à la rentrée.
- Réouverture des métiers de contacts et des magasins non essentiels pour le 26 avril. À voir dans quelles conditions. Pour l’heure, seule la prise de rendez-vous est autorisée.
- La bulle extérieure sera élargie à 10 personnes dès le 26 avril.
- La bulle intérieure sera élargie à 2 personnes en dehors de votre foyer et issues du même foyer.
- Ouverture des terrasses des bars et restaurants le 8 mai
- Le couvre-feu serait levé le 8 mai.
Et puis viennent ensuite les sujets qui fâchent.
- Il y a d’abord le fameux Plan plein air du Premier ministre et qui vise à retrouver une vie extérieure. Dans ce volet la réouverture de l’Horeca (le gros sujet de tension) sera débattu. On se dirige ver une ouverture des terrasses des bars et restaurants uniquement (ce à quoi s’oppose le secteur). Sera également évoqué, la possibilité à plus long terme d’activités culturelles extérieures (avec phases de test), événementielles et sportives. Les libéraux et socialistes francophones poussent pour lancer ce plan dès le 1er mai. D’autres ne le voient pas arriver avant le 15 mai. Un compromis pourrait être trouvé autour du 8. UPDATE: c’est finalement cette date qui a été arrêtée pour les terrasses.
Comme à l’accoutumée, deux camps s’opposent. Les libéraux francophones et le tandem De Croo-Vandenbroucke, en première ligne. Les libéraux francophones sont toutefois joints par les socialistes, ce qui a déjà été décisif par le passé. D’autant que le ministre-président flamand, Jan Jambon (N-VA), semble lui aussi adopter l’approche vers une réouverture début mai plutôt que d’attendre mi-mai ou juin. Le Premier ministre et le ministre de la Santé feront sans doute face à la plus forte pression jamais exercée depuis leur prise de fonction.
Pour aller plus loin: