Von der Leyen à la tête de l’OTAN ? L’absurdité est la nouvelle norme

Selon le journal britannique The Telegraph, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, serait la candidate préférée du président américain Joe Biden pour succéder au Norvégien Jens Stoltenberg à la tête de l’OTAN.

Dans l’actu : Le successeur de Stoltenberg devrait être désigné lors du sommet de l’OTAN qui se tiendra à Vilnius les 11 et 12 juillet. Sauf que les pays partenaires ne parviennent pas à se mettre d’accord sur l’identité de la personne qui devrait diriger l’OTAN. Le mandat de Stoltenberg a donc été prolongé d’un an, pour la quatrième fois déjà.

  • Une campagne vigoureuse a été lancée depuis les États-Unis pour qu’Ursula von der Leyen obtienne son prochain poste européen de premier plan, la présidence de l’OTAN, écrit The Telegraph.
  • Elle entretient des liens étroits avec les dirigeants européens et nord-américains et parle couramment l’anglais, le français et l’allemand.
  • Certains estiment que l’Allemande a un profil solide : elle a été ministre de la Défense dans le gouvernement d’Angela Merkel pendant six ans avant de devenir présidente de la Commission européenne en 2019.
    • Elle y a été impliquée dans ce qu’on appelle « l’affaire des conseillers » (Berateraffäre). Le scandale concernait les allégations d’irrégularités et de mauvaise gestion dans l’embauche de consultants externes par le ministère allemand de la Défense.
    • Bien que von der Leyen n’ait pas été directement accusée de mauvaise conduite, son leadership et sa responsabilité en tant que ministre ont été remis en question.

Remise en question des réalisations d’Ursula von der Leyen

Peu de gens avaient entendu parler d’Ursula von der Leyen lorsqu’elle est arrivée à la tête de la Commission européenne en 2019.

  • Comme d’habitude, elle n’a pas été élue par un processus démocratique, mais par un accord en coulisses entre Emmanuel Macron et Angela Merkel, dans lequel l’ancienne présidente du FMI, la Française Christine Lagarde, a été utilisée comme monnaie d’échange et s’est vue offrir la présidence de la Banque centrale européenne (BCE).
  • Afin de ne pas compromettre la stabilité des accords franco-allemands, on parle peu, voire pas du tout, des échecs répétés de von der Leyen. Pourtant, sa politique présente des lacunes à plusieurs égards.

1. Industrie

Le fonds de souveraineté européen promis, qui aurait contré l’Inflation Reduction Act (IRA) américain de 738 milliards de dollars, a été discrètement abandonné. Von der Leyen n’a fourni aucune explication à ce sujet. L’Europe reste impuissante pendant que les États-Unis s’approprient des industries stratégiques. Même à Pékin, on rit de la situation.

Nos industries principales sont désavantagées par rapport à la concurrence mondiale. Les taxes unilatérales, les réglementations et les quotas ciblés sont toujours à l’ordre du jour de nos institutions européennes.

2. Budget

Alors que tous les États membres de l’UE se serrent la ceinture, von der Leyen souhaite obtenir 66 milliards d’euros supplémentaires des 27 États membres. Auparavant, un accord avait été conclu sur un cadre financier commun d’environ 1.100 milliards d’euros pour la période 2021-2027. Mais cela ne suffit plus. Pourquoi ces 66 milliards sont-ils nécessaires ? « Immigration, Ukraine et climat » sont les trois mots clés préférés lorsqu’il s’agit de demander davantage de fonds.

3. Discipline fiscale

Seuls neuf des 27 pays de l’UE ont respecté les règles de Maastricht en 2022. Celles-ci stipulent que la dette ne peut dépasser 60% du produit intérieur brut. Cette limite de la dette est qualifiée de « dépassée » par de nombreux politiciens des pays du Club Med, mais aussi du Nord. Personne dans la bureaucratie européenne ne le conteste. Au contraire, von der Leyen souhaite assouplir de manière permanente, voire suspendre, les critères de Maastricht. Au cours des dernières années, les politiciens n’ont fait que dépenser toujours plus d’argent. Plus, mais jamais mieux.

4. Climat

Près de 500 jours après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’UE n’a toujours pas réussi à élaborer, encore moins à respecter, une stratégie énergétique commune. L’Allemagne, la Pologne et la République tchèque continuent principalement de s’appuyer sur le charbon. La Belgique, la Finlande et la France choisissent l’énergie nucléaire plutôt que l’énergie éolienne et solaire. Seuls les pays scandinaves misent systématiquement sur les énergies renouvelables. Si les émissions de CO2 ont baissé en 2020 sous l’effet de la pandémie, elles sont reparties à la hausse par la suite.

5. Santé

Von der Leyen a qualifié la stratégie de la tortue développée par sa bureaucratie en 2020 concernant les vaccins de « success story européenne » en décembre de cette année-là. Le magazine britannique The Economist l’a qualifiée de « désastre de la déresponsabilisation ».

De plus, nous attendons toujours la divulgation des SMS échangés entre von der Leyen et le CEO de Pfizer, Albert Bourla, concernant « l’achat de vaccins contre le coronavirus dans l’UE », un contrat d’une valeur de 35 milliards de dollars. The New York Times a maintenant poursuivi la Commission européenne en justice car celle-ci refuse de divulguer ces messages.

Les politiciens qui se présenteraient devant les électeurs avec un tel bilan auraient peu de chances d’être réélus. Le fait que Biden considère von der Leyen comme une candidate appropriée pour diriger la plus grande alliance militaire au monde doit probablement être considéré comme l’une des nombreuses gaffes qu’il a multipliées au cours des derniers mois, en faisant ainsi sa marque de fabrique.

(SR)

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