Vin, bière et risque de cancer: les géants de l’alcool poussent pour que le bouchon n’aille pas plus loin

Le lien entre alcool et cancer est établi depuis longtemps, mais à peine la moitié des Américains sont au courant. Un message d’avertissement, à l’instar de ceux qui figurent sur les cigarettes, ne semble pourtant pas à l’ordre du jour. Le lobby de l’alcool est trop puissant pour cela…

Le mythe du verre de vin occasionnel bon pour le cœur semble aujourd’hui dépassé, alors que le lien entre l’alcool et certains cancers – sein, gorge, cancer, intestin –  est désormais indéniable. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) l’affirme depuis les années 1980. Mais la moitié des Américains ne sont toujours pas au courant. Une solution simple, comme un label obligatoire sur les bouteilles, n’a toujours pas été mise en œuvre. Un consortium regroupant huit organisations demande aujourd’hui pareil label au gouvernement fédéral.

L’expérience du label

La solution a pourtant déjà été testée. En 2017, le seul magasin d’alcool de Whitehorse, dans la région du Yukon au Canada, a apposé une étiquette en ce sens sur toutes les bouteilles vendues. Il s’agissait d’une expérience scientifique, commandée par le gouvernement canadien. Celle-ci a duré un mois entier: le lobby de l’alcool a fait tout ce qui était en son pouvoir pour arrêter l’étude le plus tôt possible, avec succès.

Toutefois, des résultats positifs ont été clairement démontrés. La population de Whitehorse est mieux informée que celle du reste de l’Amérique du Nord. Et les ventes d’alcool y ont chuté de 6%. ‘Des étiquettes bien conçues peuvent améliorer les connaissances sur les recommandations en matière d’alcool et les risques sanitaires comme le cancer et réduire la consommation d’alcool par habitant’, explique la chercheuse Erin Hobin au magazine spécialisé The Counter.

‘J’ai été surpris que nous ayons tenu un mois avant que l’étude ne soit abandonnée’, déclare pour sa part le chercheur Timonthy Stockwell. ‘C’est en grande partie dû au fait que nous l’avons réalisée dans le Yukon, au milieu de nulle part. Personne ne savait ce qui se passait jusqu’à ce que nous nous lancions, c’est pourquoi nous nous en sommes tirés’. À la suite de leur enquête limitée, Erin Hobin et Timonthy Stockwell ont recommandé l’usage des étiquettes d’avertissement.

L’industrie dit non

Mais le lobby de l’alcool fait tout ce qui est en son pouvoir pour éviter un tel étiquetage. Très récemment, les autorités américaines ont réduit la quantité d’alcool quotidienne recommandée pour les hommes de 2 à 1 verre. L’industrie a répliqué à coups de centaines de milliers de dollars pour ne pas devoir imprimer cet avertissement sur les bouteilles, en vain. En outre, des investissements ont été réalisés dans la recherche de bons effets secondaires pour un verre d’alcool. Cela peut se comprendre: l’effet d’un avertissement sanitaire sur les cigarettes a fait ses preuves.

Pourtant, les initiateurs de la pétition n’ont guère d’espoir qu’un tel label voit le jour prochainement pour l’alcool. Même si le signalement des actions du lobby de l’industrie de l’alcool semble jouer en leur faveur. ‘Les buveurs bien informés sont 1,6 fois plus susceptibles de soutenir une telle obligation d’étiquetage. Cependant, nous savons que nous en demandons beaucoup aux gens. L’alcool est tellement ancré dans notre société qu’il fait partie de toutes les fêtes’, concède Erin Hobin. ‘L’opinion des gens ne changera pas du jour au lendemain.’

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