France, Allemagne, Italie… La liste des pays qui suspendent le vaccin d’AstraZeneca gagne toute l’Europe

Dimanche, les Pays-Bas ont à leur tour suspendu, par précaution, l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca contre le Covid-19, une suspension qui court jusqu’au 28 mars. Cette décision fait suite aux ‘effets secondaires possibles’ rapportés plus tôt par le Danemark ou encore la Norvège, notamment. L’Allemagne, puis la France, ont également décidé de suspendre le vaccin ce lundi. La Belgique maintient son avis favorable. Mais tiendra-t-elle longtemps face à la pression des gros ?

‘Sur la base de nouvelles informations, l’Autorité néerlandaise des médicaments a conseillé, par mesure de précaution et dans l’attente d’une enquête plus approfondie, de suspendre l’administration du vaccin AstraZeneca’, a déclaré le ministère néerlandais de la Santé dans un communiqué relayé par l’agence .

‘La question cruciale est de savoir s’il s’agit de plaintes après vaccination ou en raison de la vaccination. Il ne devrait y avoir aucun doute sur les vaccins’, a précisé le ministre néerlandais de la Santé, Hugo de Jonge, dans le même communiqué. ‘Nous devons toujours faire preuve de prudence, c’est pourquoi il est sage d’appuyer maintenant sur le bouton pause par précaution.’

L’Allemagne a adopté dans la foulée ce même principe de précaution. L’institut médical Paul-Ehrlich, qui conseille le gouvernement, ‘estime que d’autres examens (sont) nécessaires’. Un véritable château de carte puisque la France et l’Italie ont suivi. Emmanuel Macron indique qu’il attend l’avis de l’EMA ce mercredi et suspend donc le vaccin jusque à cette échéance.

Ces décisions font suite à celles prises notamment par l’Autriche, le Danemark, l’Islande, la Norvège, la Bulgarie et l’Irlande, qui ont également opté pour une suspension des injections du vaccin AstraZeneca par précaution.

Hors Europe, la Thaïlande a dans un premier temps reporté sa campagne de vaccination, avant de finalement annoncer ce lundi la poursuite de ses plans en vue d’administrer prochainement le vaccin d’AstraZeneca. De son côté, l’Indonésie a décidé de maintenir pour l’instant le report des injections.

En Belgique, une gestion ‘différente’ du principe de précaution

En Belgique, les autorités sanitaires ont décidé, à ce stade, de ne pas suspendre l’administration du vaccin de la firme anglo-suédoise. Le porte-parole interfédéral de la lutte contre le Covid, Yves Van Laethem, s’en est expliqué dimanche, sur RTL.

‘La gestion du principe de précaution a été simplement différente’, a-t-il déclaré. ‘Nous avons estimé ici, en Belgique, que sur base des données dont on disposait, que rien ne faisait penser que ce vaccin pose un problème aigu et qu’il devait être suspendu pendant un certain temps. On a donc estimé que l’on pouvait continuer. D’autres pays ont préféré attendre des résultats complémentaires.’

Yves Van Laethem a également ajouté que ‘sur base des données dont on dispose pour l’instant’, les pays qui ont suspendu le vaccin se montrent ‘trop prudents’.

La polémique tombe toutefois mal pour la campagne de vaccination belge qui, en plus d’essuyer des critiques liées à un déploiement jugé trop lent, doit également faire face aux doutes d’une certaine frange de la population.

Plus tard cette après-midi, le Conseil supérieur de la Santé a maintenu son avis favorable sur le vaccin de la firme suédo-britannique: ‘Une suspension même provisoire de cette vaccination ne pourrait qu’avoir des effets néfastes sur la vaccination Covid-19 en général, les phénomènes thromboemboliques post-vaccinaux étant présents dans le même ordre de fréquence qu’avec le vaccin Pfizer selon les informations actuellement disponibles.’ Une intervention qui a devancé de quelques minutes la suspension du vaccin en Allemagne.

Caillots sanguins

Face à la multiplication des suspensions, la firme pharmaceutique AstraZeneca a réagi dimanche en affirmant qu’il n’y avait ‘aucune preuve’ que son vaccin augmente le risque de caillots sanguins.

‘Environ 17 millions de personnes dans l’Union européenne et au Royaume-Uni ont maintenant reçu notre vaccin, et le nombre de cas de caillots sanguins signalés dans ce groupe est inférieur aux centaines de cas auxquels on pourrait s’attendre dans la population générale’, a déclaré la directrice médicale, Ann Taylor.

Même son de cloche du côté des organismes de contrôle, l’Agence européenne des médicaments (EMA) confirmant que rien ne démontre un risque d’une plus forte coagulation sanguine chez les personnes vaccinées et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) assurant qu’il n’y avait ‘pas de raison de ne pas utiliser’ le vaccin développé AstraZeneca et l’université d’Oxford.

Quant au président de l’Agence italienne des médicaments (Aifa), Giorgio Palu, il a assuré que ‘les bénéfices dépassent largement les risques encourus’ et invité à se baser sur ‘les données scientifiques’ et non sur l’émotivité.

À noter enfin qu’AstraZeneca a une fois de plus annoncé des retards dans ses livraisons de vaccins à l’Union européenne, la firme évoquant cette fois des ‘restrictions d’exportation’ pour les vaccins fabriqués hors UE. Au deuxième trimestre, l’Europe ne devrait donc recevoir que 70 millions des 180 millions de doses initialement prévues sur cette période. Une certitude : cette vague de suspensions dégradera l’image de ce vaccin auprès du grand public et de la vaccination en général.

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