Un indicateur plus significatif que l’inflation est en berne aux Etats-Unis

La confiance des ménages et des consommateurs a encore chuté, en février. Une baisse des dépenses est une menace pour l’économie américaine, qui pourrait basculer en situation de stagflation. Tous les voyants ne sont pas encore au rouge, mais il ne faut pas ignorer cet indice.

Tous les mois, l’inflation est calculée, et elle file vers le haut. Mais un autre indicateur est mesuré sur base mensuelle. Or, en raison de l’inflation, ce dernier est en baisse. Il correspond à la confiance des consommateurs américains dans l’économie. La consommation est l’épine dorsale de l’économie des Etats-Unis, représentant 70% du PIB.

Cet indicateur est publié tous les mois par l’Université du Michigan. Pour le mois de février, il affiche 61,7 points : au plus bas depuis dix ans, 8% de moins qu’en janvier, et plus bas que ce à quoi les investisseurs et économistes s’attendaient, rapporte CNN.

Un tiers des répondants trouvent que l’inflation a un impact sur leurs finances personnelles. Les ménages à faibles revenus ou à moyens revenus sont les plus exposés à l’inflation, et ont donc logiquement moins confiance. Le souci, ici, c’est que les ménages plus aisés (100.000 dollars de revenus ou plus) perdent également confiance : la chute de 8% leur est d’ailleurs attribuée.

Quel impact sur l’économie?

Pour Richard Curtin, économiste qui supervise l’étude, l’indice « signale maintenant le début d’un ralentissement durable des dépenses de consommation ». Et vu l’importance de la consommation pour l’économie, cette nouvelle est suivie avec beaucoup d’attention par les marchés.

Cependant, tous les voyants ne sont pas encore au rouge. Un indice qui précède la récession semble s’approcher, sur le marché des obligations, mais d’autres éléments donnent encore des pistes positives.

  • Le Fonds monétaire international s’attend à une croissance de 4% pour l’économie américaine en 2022, un peu moins rapide qu’en 2021, mais de bonne tenue.
  • Les banques estiment que leurs clients ont des liquidités en réserve, notamment à cause de dépenses reportées à cause de la pandémie et des voyages interdits ou commerces fermés.
  • Les revenus des entreprises, pour la fin de l’année 2021, étaient forts.

« Indice plus significatif que le taux d’inflation »

Pour Michael Wilson, stratégiste du marché boursier américain pour Morgan Stanley, il ne faut cependant ne pas se laisser berner par ces éléments positifs. La confiance en chute – et avec elle la demande et les dépenses – est un risque pour le marché, explique-t-il dans une note pour les clients, citée par CNN. « L’ignorer serait une grave erreur », estime-t-il. Pour l’expert, cet indice est un élément plus significatif que le taux d’inflation.

L’importance de cet indice met finalement encore une pression de plus sur la Fed. La crainte d’une chute de la demande est que la croissance finira par ralentir et, coupler à l’inflation galopante, la situation évoluera vers la stagflation, un marasme économique particulièrement redouté.

C’est que pour ralentir l’inflation, la Fed devra augmenter les taux d’intérêt. Mais cette hausse freinera en même temps quelque peu la croissance économique. Une situation qui laisse Wilson perplexe : « L’une des raisons pour lesquelles nous sommes sceptiques quant à la capacité de la Fed et des autres banques centrales à mener à bien le resserrement de la politique attendu est le fait que la croissance ralentit déjà, une circonstance inhabituelle au début de tout cycle de resserrement de la politique monétaire, et surtout d’un cycle aussi ambitieux ».

Voilà donc un élément qui crée encore plus de suspense pour la prochaine réunion de la Fed, prévue début mars, et lors de laquelle des décisions de resserrement devraient tomber.

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