Main de fer avec les syndicats et avantages « sur mesure » : la Corée du Sud déroule le tapis rouge pour accueillir la prochaine gigafactory de Tesla

Où se situera la gigafactory numéro 5 de Tesla ? Depuis des mois, plusieurs pays courtisent Elon Musk. La Corée du Sud en fait partie et donne plus de détails sur les avantages qu’elle peut mettre en avant.

Pourquoi est-ce important ?

Tesla veut construire une nouvelle gigafactory ; ses usines géantes. Le fabricant de véhicules électriques en possède déjà deux aux États-Unis, une en Chine et une en Allemagne. Une de plus lui permettrait de livrer ses véhicules plus rapidement. Les temps d'attente pour une Tesla neuve peuvent être longs, surtout depuis la pénurie de certains composants.

Dans l’actu : Une interview du président sud-coréen Yoon Suk-yeol accordée à Reuters ce lundi, à l’issue d’un entretien entre Yoon et le CEO de Tesla Elon Musk, la semaine dernière.

  • La Corée du Sud serait parmi les pays favoris pour accueillir une nouvelle gigafactory.

L’essentiel : Séoul déroule le tapis rouge.

  • « Nous préparons une approche sur mesure pour accorder certains avantages », affirme Yoon. Il ne donne pas d’exemples, mais ce type de mesures sont souvent des subsides ou des allègements fiscaux. Il ajoute aussi que le pays compte de nombreux travailleurs hautement qualifiés.
  • Mais ce n’est pas le seul argument que Yoon propose en faveur de son pays. Il souligne aussi la réponse dure que le gouvernement a donnée à des manifestations syndicales cette année.
    • La dernière en date vient du côté des camionneurs, qui revendiquent un prix de fret minimum, dans le contexte de la hausse des prix de l’énergie. Aucun accord n’a encore pu être trouvé, et le gouvernement table sur un « ordre administratif » pour remettre les routiers au travail.
  • De la musique dans les oreilles d’Elon Musk. Le patron de Tesla, qui se veut le grand défenseur de la liberté d’expression, a une longue histoire d’opposition aux syndicats, et a toujours bloqué toute initiative de représentation ouvrière au sein de Tesla, quitte à être condamné par la justice pour la pression exercée. Or, si le gouvernement coréen s’en occupe à sa place, cela devrait plaire à Musk.
  • Mais sera-ce suffisant pour convaincre Musk ? « La culture syndicale militante est un problème sérieux dans la société sud-coréenne », avoue Yoon. Sur les dix dernières années, il y a eu en moyenne 39 jours de grève par an. C’est beaucoup plus qu’aux Etats-Unis (8 jours), où le président est cependant pro-syndicats, et où Musk se plaint déjà des syndicats.
    • Mais c’est beaucoup moins qu’en Belgique, où le ratio de grève est de 98 jours de grève par 1.000 travailleurs par an (entre 2010 et 2019), à titre de comparaison. Seule la France a encore plus de jours de grève, en Europe.

Zoom avant : les pays concurrents.

  • Il y a d’autres arguments qui pourraient jouer contre la Corée du Sud. Notamment l’absence de matières premières, comme le nickel. Pour cette raison, le Canada (qui déroule aussi le tapis rouge pour Tesla) et l’Indonésie sont aussi parmi les favoris, grâce à leurs réserves de nickel.
  • L’Indonésie est un cas particulier : le pays, qui a la plus grande réserve de nickel au monde, en interdit l’exportation (sous forme brute). Il veut développer tout le secteur en aval, jusqu’à la production des batteries, pour véhicules électriques par exemple.
  • Garantir les approvisionnements semble aujourd’hui être le défi numéro 1 pour les constructeurs de véhicules électriques. D’un côté, la demande pour nickel, lithium et compagnie va exploser avec la transition énergétique. D’un autre côté il y a des craintes que le monde se sépare de plus en plus en deux blocs, ce qui porterait un coup fatal aux chaines d’approvisionnement tel que nous les connaissons aujourd’hui.
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