Taxe kilométrique intelligente: les organisations patronales craignent un exode des entreprises bruxelloises

La semaine dernière, le gouvernement bruxellois a annoncé avoir trouvé un accord sur SmartMove, son projet de taxe kilométrique intelligente. Si le monde politique n’a pas manqué de réagir – avec véhémence – le secteur entrepreneurial n’est pas en reste.

Jeudi dernier, le gouvernement bruxellois a organisé une grande campagne de communication concernant sa taxe kilométrique intelligente. On connaît désormais son fonctionnement: elle sera basée sur l’usage (kilométrage, heure et puissance) du véhicule plutôt que sur sa possession. L’exécutif bruxellois a également donné quelques échéances: tests en 2021, mise en application prévue pour 2022.

Le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale a précisé qu’une phase de concertations allait débuter avec les autres Régions et le fédéral. Celles-ci s’annoncent particulièrement tendues. En effet, dès l’annonce faite, les critiques ont fusé, tant du côté wallon que du côté flamand.

Les autorités wallonnes et flamandes ne sont pas les seules à se montrer défavorables au projet. C’est également le cas du patronat, qui fustige surtout le manque d’uniformité de cette mesure à l’échelle nationale.

Les entreprises pourraient quitter Bruxelles

Dans une interview accordée à la Dernière Heure, la FEB (Fédération des Entreprises de Belgique) a fait part de ses craintes vis-à-vis de cette taxe kilométrique intelligente. L’organisation a peur que des entreprises ne ‘décident de se délocaliser pour aller s’installer en périphérie bruxelloise pour échapper à cette taxation si pas dans leur totalité, au moins dans une partie importante’, indique Eloïse de Villegas, responsable mobilité de la FEB.

Même son de cloche du côté de BECI (Brussels Enterprises Commerce & Industry). ‘Un péage urbain ne constitue pas une mesure de mobilité durable. Il risque en effet de déplacer les problèmes de trafic vers la périphérie de Bruxelles’, a déclaré Olivier Willocx, administrateur-délégué de la BECI, à Belga. ‘Ce péage va en effet accroître les coûts pour les employeurs bruxellois et vont rendre les emplois dans la capitale moins attractifs. Nous risquons ainsi de faire fuir des entreprises de Bruxelles’, craint le responsable d’Agoria Bruxelles (fédération de l’industrie technologique), René Konings,

L’UCM (Union des classes moyennes) estime quant à elle que l’annonce est ‘malvenue et précipitée’ et s’inquiète qu’elle ne permette pas une fluidification du trafic mais entraîne ‘bel et bien des charges et des problèmes en plus’ pour les entrepreneurs ‘en pleine tempête Covid’. ‘Pour les Wallons qui ont des clients ou des contacts à Bruxelles, c’est purement et simplement une taxe nouvelle’, regrette l’UCM.

Plus d’homogénéité

Les différentes organisations patronales s’accordent à dire qu’elles ne sont pas contre l’idée d’une taxation visant à régler les problèmes de mobilité, et notamment à Bruxelles. Mais elles estiment que la mesure doit être élargie aux autres Régions, pour devenir cohérente à un niveau national.

La FEB pense qu’un système à l’échelon national ferait en sorte que ‘tous les automobilistes soient tous sur un pied d’égalité’. Elle plaide également moins pour une taxe que pour une redevance, qui ‘imposerait au gouvernement de réinvestir l’argent récolté dans les mêmes services publics, à savoir la mobilité’.

L’UWE (Union Wallonne des Entreprises), le Voka (patronat flamand) et Beci aimeraient eux aussi que cette taxation kilométrique fonctionne ‘sur base d’un système’ commun à travers toute la Belgique. Comme la FEB, ces organisations demandent que l’argent récolté soit réinvesti dans les infrastructures routières.

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