L’exécutif bruxellois adopte sa taxe kilométrique: ‘Bienvenue à Anvers’, réagit De Wever; ‘Scandaleux’, juge Willy Borsus

Le gouvernement bruxellois a validé le projet SmartMove, son projet de tarification kilométrique intelligent. Il en a dévoilé les détails ce jeudi. Non sans s’attirer les foudres des deux autres Régions.

Le modèle de SmartMove, sujet à de vifs débats, a été approuvé par le gouvernement bruxellois ce jeudi matin. Le ministre-président Rudi Vervoort (PS) et les ministres Sven Gatz (Open VLD), Elke Van Den Brandt (Groen), Alain Maron (Ecolo) et Bernard Clerfayt (DéFI) ont tenu une conférence de presse afin de donner les détails du projet.

Le principal changement vient de la suppression des taxes de circulation et de mise en circulation – cette dernière reste tout de même maintenue pour les voitures de luxe, à partir de 15 chevaux. Elles laissent place à un tarif dépendant de l’heure, de l’usage (du kilométrage) et de la puissance du véhicule utilisé par les automobilistes circulant dans la Région de Bruxelles-Capitale.

L’objectif est de fluidifier le trafic sur le réseau routier bruxellois, en poussant les conducteurs à privilégier les transports en commun et à éviter d’utiliser leur voiture en heure de pointe. Problème de nombreux Flamands et Wallons se rendent à Bruxelles pour travailler.

Concertation avec les autres Régions

Il faut toutefois préciser qu’il s’agit là d’un accord sur le modèle de la réforme fiscal, et non d’un feu vert définitif à cette taxe. L’accord politique de ce jour, signé par le gouvernement bruxellois, vise à pouvoir travailler sur cette réforme fiscale. Par le suite, une phase de concertations aura lieu. Elle impliquera le fédéral, les Régions wallonne et flamande et les partenaires socio-économiques.

Une phase de test sera lancée dans le courant de 2021. Le gouvernement bruxellois compte mettre cette nouvelle taxe en application pour 2022.

L’opposition bruxelloise critique

Objet de crispations, le projet SmartMove a une nouvelle fois essuyé de nombreuses critiques dans les rangs de l’opposition.

Le député bruxellois Christophe De Beukelaer (CDH) cible la ministre de la Mobilité Elke Van den Brandt (Groen). Il ne comprend pas pourquoi elle ‘communique avant de concerter’.

Même reproche du côté du MR, où Alexia Bertrand et David Weytsmann rappellent que l’UCM a demandé ce matin un report du projet de ‘péage urbain’, une expression utilisée pour ternir l’image de cette taxe kilométrique.

Les Régions s’indignent

Le vice-président wallon Willy Borsus (MR) se dit ‘scandalisé’. ‘Je trouve qu’il est choquant, pour ne pas dire, scandaleux, de proposer en pleine crise un nouveau système fiscal qui impacte très lourdement les ménages wallons, et particulièrement les 130.000 Wallonnes et Wallons qui se rendent quotidiennement à Bruxelles pour y travailler, mais également les étudiants, les PME et les Indépendants. Pour lui, ‘Bruxelles se désolidarise aujourd’hui totalement’ des ‘mesures de soutien’ mises en place depuis mars pour aider les Belges.

La ministre flamande de la Mobilité Lydia Peeters (Open VLD) a ‘pris acte de la décision de la Région bruxelloise’, insistant sur le fait qu’elle continuerait à ‘défendre l’intérêt des navetteurs flamands’. ‘Un prélèvement purement unilatéral introduit par une Région au détriment d’une autre n’est pas possible pour moi et je continuerai de m’y opposer’, a-t-elle ajouté. Rappelons qu’elle fait partie du même parti que Sven Gatz, ministre bruxellois des Finances. Celui-ci a proposé dimanche dernier de ‘se mettre d’accord avec la Flandre et la Wallonie’ pour que l’argent récupéré via cette taxe ‘serve aussi à la mobilité autour de Bruxelles’.

Du côté du parlement flamand, le député Bart Claes (Vlaams Belang) va beaucoup plus loin. Parlant de ‘déclaration de guerre de Bruxelles à la Flandre’, il se demande s’il est possible de ‘supprimer les institutions flamandes de Bruxelles’. Bart De Wever (N-VA) évoque quant à lui une ‘nouvelle règle d’intimidation verte-violette envers les Flamands qui travaillent’.

Il souhaite aussi la bienvenue à Anvers ‘aux entreprises et aux travailleurs’

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