Sous Trump, Washington DC ne se préoccupe plus de la séparation des pouvoirs

Pour la première fois en 151 ans, un juge a été nommé à la Cour suprême des États-Unis sans avoir reçu un seul vote du parti minoritaire – dans ce cas-ci, les démocrates.

Huit jours avant les élections, c’est un triomphe absolu pour le président Donald Trump. Il a réussi à faire nommer trois juges à la Cour suprême en un seul mandat. Un vrai coup de force pour un président qui n’a même pas été élu par une majorité d’Américains.

Les conséquences de cette nomination se feront sentir pendant des décennies. Car la représentation idéologique à la Cour suprême passe désormais de 5 conservateurs et 4 progressistes à 6 conservateurs et 3 progressistes. Le conservateur John Roberts avait pour habitude de rejoindre occasionnellement les progressistes sur certaines thématiques. Ce n’est désormais plus un obstacle à l’agenda conservateur. Avec Barrett, les républicains s’assurent désormais d’une majorité, même si Roberts vote avec l’autre camp.

La nomination d’Amy Coney Barrett pour remplacer Ruth Bader Ginsburg, décédée le mois dernier, c’est le symbole absolu de la guerre idéologique qui se déroule depuis des années à Washington DC. Les républicains veulent maintenant réaliser à travers la Cour suprême ce qu’ils ne peuvent pas faire politiquement. C’est le renversement, entre autres, de la loi sur l’avortement (Roe vs Wade), l’Obamacare et le mariage gay.

‘Barrett est un atout politique’

Sur Fox News, le président du Sénat, Mitch McConnell Barrett, l’a qualifiée ‘d’atout politique’ pour les républicains. Il ne croit pas si bien dire. Washington DC sous Trump n’est clairement plus intéressé par la séparation des pouvoirs. La politisation de la Cour suprême est en plein essor. Mais c’est précisément ce qui menace sa légitimité à l’avenir.

L’effet de la nomination de Barrett s’est fait immédiatement sentir. La Caroline du Nord et la Pennsylvanie s’attendent à une action immédiate de la Cour suprême sur la date à laquelle les bulletins de vote de personnes qui ne peuvent pas voter en personne pourront être acceptés, en principe le 3 novembre. Les deux États sont cruciaux pour une victoire au collège électoral.

Barrett pourrait donc tourner l’élection en faveur de Trump sur l’une de ses premières interventions. Doit-elle décider que le décompte des milliers de voix dans ces deux États devrait être stoppé parce que ces votes n’ont pas eu lieu avant le 3 novembre? Brett Kavanaugh, un autre juge nommé par Trump, a déjà parlé en ce sens lundi. Trump pense également que le vote devrait prendre fin le 3 novembre. Mais c’est une tâche totalement impossible pour la plupart des États. Étant donné que les votes par correspondance dans ces États, dont la Pennsylvanie, ne peuvent être ouverts et donc comptés avant le 3 novembre. Or, de nombreux sondages montrent que le vote par correspondance favoriserait Joe Biden, le candidat démocrate.

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