Septième vague de sanctions européennes contre la Russie : l’énergie nucléaire prudemment oubliée

Les États membres de l’Union discutent des prochaines sanctions à mettre en place à l’encontre de la Russie de Vladimir Poutine, et le moins qu’on puisse dire est qu’ils ont du mal à trouver une longueur d’onde commune. Les tenants d’une ligne dure se heurtent à ceux qui appellent à la modération, voire à la prudence.

L’exécutif de l’Union européenne devrait présenter une proposition officielle à chaque État pour un septième train de sanctions économiques d’ici la fin de la semaine, mais, selon des sources qu’a pu consulter Euractiv, les discussions n’ont pas été si consensuelles, et les pays les plus radicaux – Pologne et pays baltes, mais aussi l’Irlande – face à la Russie n’auraient pas eu gain de cause.

Couper le gaz, mais pas le reste

Les mesures qu’ils avaient proposées comprenaient entre autres, le ciblage du nucléaire, des produits de luxe et des secteurs informatiques et technologiques de la Russie, ainsi que l’exclusion d’un plus grand nombre de banques du système de messagerie SWIFT, selon le média international européen. L’Allemagne aurait aussi, une fois n’est pas coutume, défendu une ligne dure en mettant sur la table une interdiction des financements par des entreprises européennes de mines russes de métaux ou de terres rares, mais aussi un embargo sur les importations d’uranium.

Et c’est là que le bât blesse pour certains pays : alors que la crise énergétique n’est pas prête de s’atténuer et que l’UE doit déjà apprendre à vivre sans gaz russe, elle ne va quand même pas en plus se priver de carburants pour sa filière nucléaire. Plusieurs diplomates européens informés des discussions du week-end ont confirmé que les nouvelles sanctions éviteront de s’en prendre à cette filière, ni d’ailleurs aux autres sources d’énergie venues de Russie.

Dépendance à l’uranium

Il faut dire que le nucléaire est une option inévitable pour de nombreux pays s’ils veulent se reconstituer un équilibre énergétique. C’est le cas de la Bulgarie, mais aussi tant de la France que de la Hongrie, qui veulent toutes les deux construire de nouveaux réacteurs, et qui auront donc besoin de carburant. Or, si la Russie ne produisait « que » 8% de l’uranium mondial en 2020, le pays disposait des premières capacités mondiales d’enrichissement de ce combustible nucléaire. Les services publics de l’UE importent 20 % de leur uranium naturel et 26 % de leurs services d’enrichissement de Russie.

Dans ce contexte, et alors que l’automne est bien installé, on peut comprendre la frilosité de certains. La mesure aurait frappé « la construction d’installations ou l’installation d’équipements pour, ou la fourniture de services, d’équipements ou de technologies pour, des activités liées à la production d’énergie ou d’électricité à la fois en Russie et à l’étranger. » Un programme bien trop radical alors qu’en plus de l’uranium, certains pays comme la Hongrie – qui freine toujours à la moindre idée de sanctionner Moscou – collaborent avec la Russie pour construire de nouveaux réacteurs.

La Belgique aime toujours autant les diamants

Enfin, parmi les propositions de sanctions qui n’aboutiront certainement, l’une concerne directement notre pays. La Pologne, l’Irlande, la Lituanie, l’Estonie et la Lettonie ont également proposé d’introduire une interdiction de rétorsion sur les importations de diamants en provenance de Russie. Jusqu’ici, la Belgique, qui abrite à Anvers le plus grand centre de négoce de diamants au monde et où le secteur diamantaire reste très influent, avait freiné des quatre fers. Mais selon certains diplomates européens, notre pays devrait céder sur ce point et accepter de voir les diamants rejoindre les autres produits de luxe sous embargo. À voir si nous resterons fermes sur ce cap.

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