Le rouble sous pression : Poutine est-il en difficulté ?

Après l’invasion russe en Ukraine, le rouble est resté remarquablement fort pendant un certain temps. Cependant, cela semble être en train de changer. Cela pourrait être dû au fait que l’économie russe ne tourne pas aussi bien que ce que les chiffres officiels l’indiquent.

Peu de temps après le déclenchement de la guerre en Ukraine, les pays occidentaux ont imposé de strictes sanctions contre la Russie. Le Fonds monétaire international (FMI) avait alors prédit que l’économie russe se contracterait de 9%. Un an plus tard, bien que l’économie russe soit en difficulté, les chiffres indiquent que les dégâts sont bien moins importants que ce que l’Europe et les États-Unis auraient aimé voir. Cette semaine, l’office national des statistiques russes, Rosstat, a calculé que l’économie s’est contractée de 2,1% en 2022. Le Kremlin a souvent tendance à embellir les chiffres, mais de nombreux instituts occidentaux sont d’accord avec l’analyse de Rosstat. Cela soulève des questions sur les raisons de la résilience de l’économie russe et sur ce qui va se passer à l’avenir.

Fissures dans l’économie

La force de l’économie russe est en partie due à l’énorme augmentation des prix du pétrole et du gaz après le déclenchement de la guerre. En outre, la Russie a continué à faire du commerce avec des pays qui ne participaient pas aux sanctions, tels que la Chine et l’Inde. Cette semaine, il a été annoncé que le Premier ministre chinois, Xi Jinping, se rendrait à Moscou dans les prochains mois. Mais malgré les liens étroits avec la Chine, des fissures commencent à apparaître dans le bouclier économique russe. La chute violente du rouble attire particulièrement l’attention. Depuis fin septembre, la monnaie russe a chuté de près de 30% par rapport à l’euro.

Baisse des prix de l’énergie, faibles stocks des entreprises

La baisse du rouble est en partie due à la diminution des revenus énergétiques de la Russie. Cela est en partie lié aux mesures prises par les pays occidentaux, mais aussi à la baisse des prix internationaux du pétrole et du gaz. La Banque centrale russe a récemment revu à la baisse le prix de vente estimé d’un baril de pétrole Oural pour le reste de l’année 2023, de 70 à 55 dollars. Pour combler ce trou dans le budget, la Russie doit vendre chaque jour pour plus de 100 millions d’euros de devises étrangères. Une autre raison de la faiblesse du rouble est que les sanctions obligent les entreprises à payer plus cher les produits étrangers pour reconstituer les stocks épuisés.

Soulagement de la pression

Enfin, la Russie a assoupli les règles strictes obligeant les entreprises à convertir les devises étrangères en roubles, ce qui est également un signe que celle-ci ont des difficultés, car le Kremlin préférerait que sa monnaie soit aussi forte que possible. La coopération avec la Chine peut soulager la pression sur les entreprises russes. De plus, il est important de ne pas se concentrer uniquement sur le rythme de la croissance économique, mais également sur sa composition. La croissance de l’industrie de la défense a contribué en partie à ce que la contraction en 2022 ne soit pas beaucoup plus importante. Tout comme la baisse du rouble, cela indique qu’une grande partie du pays est économiquement moins bien lotie que ce que les chiffres récents laissent supposer.


Joost Derks est un spécialiste des devises chez iBanFirst. Il a plus de 20 ans d’expérience dans le secteur. Cette chronique reflète son opinion personnelle et ne constitue pas un conseil professionnel (d’investissement).

(OD)

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