Principaux renseignements
- Un nombre record de Nouvelle-Zélandais quittent le pays en raison d’une économie en difficulté et de meilleures perspectives financières à l’étranger.
- L’exode touche tous les groupes d’âge, et pas seulement les jeunes adultes, avec des dizaines de milliers de départs au cours des deux dernières années, dépassant le précédent pic de 2012.
- Le départ des personnes en âge de travailler menace le fondement même de l’économie, aggravé par les règles d’immigration plus strictes introduites l’année dernière.
La Nouvelle-Zélande est confrontée à un avenir incertain alors qu’un nombre record de ses citoyens quittent le pays. Cet exode, largement alimenté par une économie en difficulté, suscite des inquiétudes quant à l’impact à long terme sur le pays et ses petites communautés.
Harriet Baker, une jeune femme de 33 ans originaire de Dunedin, illustre bien cette tendance. Malgré ses profondes racines dans l’île du Sud, elle et son mari Cameron, également âgé de 33 ans, ont récemment déménagé leur famille en Australie occidentale, à la recherche de meilleures perspectives financières. Bien qu’Harriet souhaite élever son fils Teddy en Nouvelle-Zélande, entourée de sa famille, les revenus plus élevés de l’Australie se sont avérés trop attrayants pour qu’elle puisse y résister.
Dilution de tous les groupes d’âge
Les démographes tirent la sonnette d’alarme, car les départs touchent tous les groupes d’âge, et pas seulement les jeunes adultes. Paul Spoonley, professeur émérite de l’université Massey, met en évidence un triptyque de défis auxquels la Nouvelle-Zélande est confrontée : baisse des taux de natalité, vieillissement de la population et forte augmentation de l’émigration depuis la pandémie. Il craint que ce « creusement » du pays n’entraîne une stagnation ou un déclin dans certaines régions, ce qui soulève la question de savoir si la tendance est réversible.
Les chiffres officiels brossent un tableau sombre de la situation. Des dizaines de milliers de Nouvelle-Zélandais ont quitté le pays au cours des deux dernières années, dépassant le précédent pic de 2012. Alors que la migration globale reste positive avec plus d’arrivées que de départs, 2023 a marqué la plus grande perte nette de citoyens néo-zélandais jamais enregistrée. L’Australie reste la principale destination de ces émigrants, attirés par des salaires nettement plus élevés.
Peu d’immigration vers la Nouvelle-Zélande
L’exode ne se limite pas aux jeunes adultes en quête d’aventures à l’étranger. De plus en plus, les personnes âgées de 30 à 39 ans partent avec leur famille, de même qu’un nombre sans précédent de retraités. Cette évolution démographique complique encore les choses, car elle déplace le « centre de gravité » de nombreuses familles, ce qui rend un retour en Nouvelle-Zélande moins probable.
Les experts s’inquiètent également de l’impact sur la main-d’œuvre, actuelle et future. Le départ des personnes en âge de travailler est aggravé par les règles d’immigration plus strictes introduites l’année dernière, qui entraînent une diminution des approbations de visas de travail. Shamubeel Eaqub, économiste en chef chez Simplicity, prévient que cette « disparition » des travailleurs en milieu de carrière menace les fondements mêmes de l’économie.
Le coût humain
L’augmentation du coût de la vie, la stagnation des salaires et les difficultés à trouver un emploi poussent de nombreux Néo-Zélandais à partir à l’étranger. Pour ceux qui ont parlé au Guardian, partir n’était pas un choix mais une nécessité – une tentative désespérée d’assurer un avenir plus stable pour eux-mêmes et leurs familles.
Cet exode est particulièrement ressenti dans les petites villes du pays. À Ohakune, une ville de ski de l’île du Nord confrontée au déclin de sa population, la tribu locale Māori Ngāti Rangi travaille sans relâche pour endiguer la vague de départs. La fermeture de deux moulins en 2024 a entraîné des pertes d’emplois et a encore érodé la communauté déjà en perte de vitesse. Ngāti Rangi a lancé des cours de commerce et plaide pour l’emploi des locaux dans le tourisme afin d’encourager les résidents à rester.
Témoignages
Le ministre des finances, Nicola Willis, tout en reconnaissant les défis auxquels sont confrontés les jeunes Nouvelle-Zélandais, maintient que la croissance de l’économie est essentielle pour inverser cette tendance. Toutefois, pour ceux qui sont déjà partis, comme Waikauri Hirini, une ancienne assistante sociale qui vit aujourd’hui à Perth, le retour au pays reste une question ouverte. Bien qu’elle apprécie les opportunités que l’Australie lui a offertes, à elle et à sa famille, la perspective d’élever ses enfants dans la culture et les traditions Māori l’attire fortement.
Pour Daniel Reed, géomètre qui s’est installé à Townsville avec sa femme et ses trois jeunes enfants, le départ a été une décision difficile, mais finalement nécessaire pour assurer la sécurité financière. Leur nouvelle vie en Australie leur permet d’économiser de l’argent et de jouir d’une meilleure qualité de vie, ce qui contraste fortement avec les difficultés auxquelles ils étaient confrontés dans leur pays d’origine. Bien que leurs enfants s’épanouissent dans leur nouvel environnement, ils portent en eux l’esprit durable de leur héritage kiwi.
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