La reconduction de Xi Jinping continue de faire des ravages sur les marchés : le yuan est à son niveau le plus bas jamais observé

Les investisseurs se débarrassent massivement de leurs actifs chinois. Le yuan « offshore » est à son niveau le plus bas de tous les temps. Le yuan « onshore » est aussi en chute libre. Il est à son plus bas en près de quinze ans.

Pourquoi est-ce important ?

Ce week-end, Xi Jinping a été reconduit à la tête du Parti communiste. En mars, il sera également reconduit à la tête du pays. Dans le même temps, seuls les fidèles du président ont été élus aux différents postes dans les hautes sphères du parti, le Politburo et le Comité permanent du Politburo. Les investisseurs y voient la continuation et la consolidation des politiques économiques (néfastes) du pays, et craignent le pire. Ils fuient la Chine en vendant leurs actifs : le yuan et les indices boursiers sont en chute libre.

Dans l’actu : le yuan en chute

  • Sur le marché international, le yuan a atteint son niveau le plus bas jamais observé, selon Refinitiv rapporte CNN Business. Ce marché dit « offshore » existe depuis 2010. Tôt ce mardi, le yuan a atteint le niveau historique de 7,36 pour un dollar.
  • Sur le marché domestique, qui est contrôlé de manière stricte, la saignée est tout aussi spectaculaire. Le yuan a dépassé le seuil critique de 7,30 pour un dollar ce mardi matin. Il s’approche de 7,31 à l’heure d’écrire ces lignes. Il s’agit de son niveau le plus bas depuis janvier 2008. Il a perdu près de 16% depuis son niveau de février, qui était le plus haut en quatre ans.
  • Mais ce n’est pas uniquement le yuan qui pâtit. Ce lundi le Hang Seng, indice clé de la bourse de Hong Kong (important marché étranger pour les actions chinoises) a chuté de 6,4%, et reste plat ce mardi. Le Golden Dragon China Index, indice qui reprend les actions chinoises cotées sur le Nasdaq, a même perdu 14%.

Le contexte : peur pour l’économie chinoise

  • Ces chutes arrivent malgré la publication de chiffres sur la croissance ce lundi. Le taux de croissance du troisième trimestre, 3,9%, est meilleur que les estimations des analystes, même s’il reste en deçà des chiffres auxquels la Chine a habitué le monde économique ces dernières années.
  • C’est que la politique zéro-covid stricte continue de plomber l’économie du pays. Les investisseurs le savent, et avec la reconduction de Xi Jinping pour un troisième mandat, et surtout avec l’élection de loyalistes dans les plus hautes sphères dirigeantes du pays, ils ne voient pas d’amélioration à l’horizon. Ils se débarrassent donc de leurs actifs chinois.
  • Mais il ne s’agit pas que de Covid. La répression du secteur technologique et du secteur immobilier fait aussi fuir les investisseurs. Là aussi, l’élection de la garde rapprochée de Xi au pouvoir fait craindre que la tendance se poursuive et se renforce.

Et maintenant : la Chine fait l’autruche

  • Le yuan est parti pour vivre sa pire année depuis longtemps. La Banque centrale chinoise a déjà indiqué ne pas intervenir sur le marché monétaire, car la comparaison au dollar (dont la force tire aussi le yuan vers le bas) ne serait pas la seule applicable, et en regardant d’autres aspects, la monnaie se porterait bien.
  • Pour l’instant, le yuan a perdu plus de 15% (par rapport au billet vert). Sa pire année avait été 1994. Mais cette perte de valeur avait été une décision assumée, dans le cadre d’une réforme. Le yuan a été dévalué de 33% du jour au lendemain.