Neuralink, fondée à l’été 2016 par Elon Musk, n’a jamais caché utilisé des singes pour expérimenter ses micropuces cérébrales. A-t-elle été trop loin, en maltraitant des primates ? C’est ce que dénonce une association, qui va porter plainte.
Depuis bientôt six ans, Neuralink travaille au développement d’implants cérébraux qui, entre autres joyeusetés, doit notamment permettre de faire marcher des personnes paraplégiques. Pour ce faire, ses ingénieurs testent leurs micropuces sur des singes. La société ne le cache pas: l’an dernier, elle a par exemple diffusé une vidéo d’un primate jouant à un jeu vidéo par télépathie.
Mais il apparaît que Neuralink n’offre pas le meilleur traitement à ses cobayes. Loin de là, même. Le Physicians Committee for Responsible Medicine (PCRM), une association qui œuvre notamment contre la maltraitance animale, a annoncé son intention de déposer ce jeudi une plainte officielle auprès du département américain de l’Agriculture. Une information dévoilée par Business Insider.
« Souffrance extrême »
Pour mener sa recherche sur les singes, Neuralink s’est associée à l’Université de Californie à Davis. En contactant l’institution, le PCRM indique avoir obtenu plusieurs centaines de documents. En les consultant, l’association y aurait découvert des indications de maltraitance à l’encontre de 23 singes appartenant à Neuralink, qui ont été hébergés et ont fait l’objet d’expériences dans les installations de l’UC Davis de 2017 à 2020.
Le PCRM estime que l’université et Neuralink ont violé neuf lois sur le bien-être animal, parmi lesquelles celle demandant aux chercheurs de minimiser la douleur et la détresse des animaux. L’association donne des exemples pour étayer ses propos. Un singe aurait ainsi perdu des doigts et des orteils « probablement à la suite d’une automutilation ou d’un autre traumatisme non spécifié ».
Les documents montrent la « souffrance extrême » infligée aux primates, dénonce le PCRM. Parmi les 23 singes concernés, seuls 7 auraient survécu aux expérimentations. Ceux-ci auraient ensuite été transférés de l’université à une installation de Neuralink en 2020, année lors de laquelle le partenariat entre les deux entités a pris fin.
Notons que Neuralink a récemment fait part de son intention d’entamer des tests sur les êtres humains dans le courant de cette année (une échéance qui a déjà été reportée à plusieurs reprises), faisant hérisser les poils de certains scientifiques. Du côté du PCRM, après avoir lu ce qui a été fait aux singes, on s’insurge également.
L’UC Davis, incriminée également, se défend
Les supposés faits de maltraitance ayant été commis au sein des locaux de l’université, le PCRM compte également la poursuivre. Selon l’association, l’UC Davis continue de refuser de communiquer les photographies et les vidéos des singes, ainsi que leur numéro d’identification. Cette dernière affirme que ces documents appartiennent à Neuralink, une société privée, et que ce n’est donc pas à elle de rendre ces documents et informations publics.
Une attitude qui n’est pas au goût de l’association. L’université assure toutefois être dans son bon droit. « Nous avons pleinement respecté la loi sur les archives publiques de Californie en répondant à leur demande », a déclaré une de ses responsables, faisant référence aux centaines de documents livrés au PCRM, sur base desquels il fondera sa plainte.
L’UC Davis a aussi assuré que la recherche sur les animaux était strictement réglementée en son sein et qu’elle respectait toutes les lois et réglementations applicables, y compris celles du département américain de l’agriculture.
De son côté, Neuralink n’a pas encore officiellement réagi.