Quand prendre le métro revient à se charger le sang de pollution aux particules de fer

Les voitures du métro provoquent une grave pollution de l’air dans le métro de Londres ; on a constaté que les roues des rames produisent des particules métalliques particulièrement petites. C’est ce que révèle une étude menée par des scientifiques du Centre d’études des risques de l’université de Cambridge. Les chercheurs notent que ces particules d’oxyde de fer sont souvent beaucoup plus petites qu’un seul globule rouge.

Selon les chercheurs, la pollution peut ainsi être facilement inhalée et finir par pénétrer dans le sang des cinq millions de passagers qui empruntent chaque jour le métro de Londres. Des recherches antérieures ont établi un lien entre ce type d’exposition et un risque plus élevé de problèmes graves tels que la maladie d’Alzheimer et les infections bactériennes.

Maghémite

Un phénomène similaire devrait également être observé dans d’autres systèmes souterrains ailleurs dans le monde. Toutefois, le métro de Londres est particulièrement mal ventilé.

« Les rejets sont des sous-produits du fonctionnement répété des plaquettes de frein, des sabots collecteurs et des balais de moteur des trains », souligne Hassan Sheikh, responsable de la recherche et spécialiste des risques à l’université de Cambridge.

« Ils peuvent également être libérés par la friction causée par l’interaction entre les roues métalliques des wagons du système et les rails en acier. Le résultat final de ce processus est la maghémite, un minéral magnétique libéré par la friction et projeté par le passage continu des wagons suivants dans le système de métro. »

Des études antérieures avaient déjà montré que les niveaux globaux de pollution atmosphérique dans le métro de Londres dépassaient les limites fixées par l’Organisation mondiale de la santé. Ces études ont également mis en évidence la présence de particules provenant de l’interaction des roues, des chenilles et des freins.

Des échantillons ont été prélevés sur les quais, dans les guichets et dans les cabines de pilotage des rames des principales lignes du métro de Londres, et de la maghémite était présente en abondance dans tout le système souterrain.

Les experts préviennent que le problème ne se limite pas au métro de Londres. Une étude menée par l’Institut national des sciences de la santé environnementale aux États-Unis a également identifié la mauvaise qualité de l’air – en particulier les particules qui peuvent être inhalées – comme un problème imminent pour les transports publics américains, qui accueillent des dizaines de millions de navetteurs chaque jour.

Des solutions à portée de main

Aaron Bernstein, directeur du Center for Climate Health and the Global Environment de l’université Harvard à Boston, reconnaît également le problème, mais dit qu’il ne conseillerait pas pour autant aux voyageurs d’éviter le métro.

« En effet, les métros des grandes villes parviennent à réduire considérablement le trafic routier et la pollution atmosphérique qui y est associée », ajoute M. Bernstein. « De plus, ils ont souvent des temps de trajet plus courts que leurs homologues en surface. Les études montrent que la qualité de l’air doit être prise en compte dans les métros. C’est aussi parfaitement possible. »

À cet égard, Hassan Sheikh voit des solutions dans l’utilisation d’aimants. « Ceux-ci peuvent être utilisés pour attirer et retenir les particules flottantes de limaille de fer, les empêchant ainsi d’errer dans les systèmes de métro », argumente Sheikh.

« À ce stade, il existe des indications contradictoires quant à la nocivité de ce type particulier de pollution, par rapport aux gaz d’échappement du trafic urbain en surface et à l’air libre », souligne encore M. Sheikh.

« Pour fournir davantage d’informations sur ces risques, il est nécessaire de poursuivre les recherches. En attendant, toutefois, le port d’un masque par les navetteurs pourrait réduire l’exposition directe à l’oxyde de fer présent dans le métro. »

MB

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