L’impact de l’embargo pétrolier russe se fait sentir à la pompe dès aujourd’hui: les prix de l’essence atteignent des niveaux record, et c’est parti pour durer

D’ici la fin de l’année, l’Union européenne veut interdire environ 90% des importations actuelles de pétrole russe. L’impact de cette décision se fait déjà sentir à la pompe. Le prix de l’essence atteint un nouveau record.

Lundi soir, les États membres de l’Union européenne sont parvenus à un accord sur un sixième train de sanctions contre la Russie. La mesure la plus frappante de cet accord est l’introduction d’un embargo sur le pétrole russe. Dans un premier temps, l’embargo portera sur le pétrole importé par voie maritime. Dans une deuxième phase, la Pologne et l’Allemagne n’importeront plus de pétrole russe par oléoducs. Ainsi, d’ici la fin de l’année, 90% des importations de pétrole russe seront interdites.

Impact à la pompe

Peu après l’annonce du train de sanctions, le prix du pétrole est monté en flèche. Mardi matin, le prix du baril de pétrole Brent a augmenté de 1,88% pour atteindre 123,55 dollars le baril, son plus haut niveau depuis la fin du mois de mars. Jeudi matin, le même baril se vend pour un peu plus de 115 dollars.

L’impact de ces hausses de prix se fait déjà sentir à la pompe jeudi. Le SPF Economie a annoncé que le prix maximum du litre d’essence 95 (E10) augmentera de pas moins de 12,1 centimes d’euro pour atteindre 2,138 euros, un prix record. Pour l’essence 98 (E5), il y a une augmentation de pas moins de 18,3 cents par litre, jusqu’à un maximum de 2,402 euros.

Le diesel reste relativement en deçà des prix de l’essence, avec un prix de 2,01 le litre ce jeudi. Ce qui peut paraître surprenant, car ces dernière années, le diesel était habituellement un peu plus cher que l’essence. Mais les véhicules à diesel disparaissent petit à petit du paysage, étant plus polluants et en conséquence bannis de nombreux centres villes, et ainsi la demande chute.

Le mazout sera également plus cher jeudi. Pour les commandes de plus de 2.000 litres, un maximum de 1,3399 euros par litre sera payé, soit une augmentation de 5,18 cents. Le prix record du mazout remonte à la mi-mars, lorsqu’il fallait payer un maximum de 1,3908 euro par litre.

Que nous réserve l’avenir (proche) ?

Warren Patterson, spécialiste des matières premières chez ING, s’attend à ce que le prix du pétrole soit orienté à la hausse pour le reste de l’année en raison de l’interdiction européenne. Il a donc relevé ses prévisions de prix du baril de Brent pour le second semestre de cette année de 109 à 122 dollars. Il a également ajusté ses prévisions pour 2023. L’économiste s’attend désormais à ce que le prix du pétrole atteigne 99 USD le baril l’année prochaine. Auparavant, ses prévisions ne montaient qu’à 93 dollars.

« Toutefois, nos prévisions pour 2023 sont soumises à des risques de hausse évidents, tels que d’éventuelles sanctions secondaires américaines sur le pétrole russe et le maintien des sanctions américaines sur l’Iran jusqu’en 2023 », ajoute Patterson.

En attendant, l’Europe, et donc la Belgique, doit chercher d’autres sources de pétrole. La spécialiste de l’énergie Moniek de Jong (UGent) ne s’inquiète pas trop de l’offre. « Selon l’office européen des statistiques Eurostat, 20% du pétrole en Belgique provient de Russie », a-t-elle déclaré à la VRT NWS mardi. « Cette quantité peut certainement être remplacée, surtout en provenance du Moyen-Orient« .

De Jong s’attend à ce que les prix augmentent (encore) à court terme. Selon elle, le gouvernement peut prendre des mesures pour réduire la consommation de pétrole. « Par exemple, en rendant les transports publics moins chers », a déclaré M. de Jong.

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