Après les licenciements, les salaires des cadres de la tech coupés à la tronçonneuse

Le PDG de Zoom annonce réduire son salaire de manière drastique, avec une baisse de 98%. Il fait son mea culpa. Il se sent responsable des erreurs du passé : avoir trop embauché durant la pandémie. La conséquence, aujourd’hui, est une vague de licenciements au sein de l’entreprise.

Pourquoi est-ce important ?

Zoom n'est pas la seule entreprise à avoir eu les yeux plus gros que le ventre : quasi tous les acteurs de la tech américaine ont surfé sur la vague de la pandémie et ont rapidement augmenté leurs effectifs. Ils sont aujourd'hui contraints de couper dans les effectifs. Près de 100.000 personnes ont déjà été remerciées depuis le début de l'année.

Dans l’actu : Zoom annonce une suppression des emplois et une très forte réduction du salaire du patron.

Les chiffres : 6.000 dollars par an.

  • Ce sont 1.300 personnes qui sont remerciées, soit 15% des effectifs de l’entreprise qui commercialise un célèbre outil de visio-conférence. Tous les départements de l’entreprise seraient concernés.
  • Mais la réduction la plus drastique vient du côté du salaire du PDG Eric Yuan : « Je réduis mon salaire de 98% pour l’année fiscale à venir et je renonce à mon bonus pour l’année fiscale 2023″, annonce-t-il dans un communiqué publié mardi.
  • Concrètement, c’est presque comme s’il travaillait gratuitement. De 300.000 dollars annuels, son salaire passe à 6.000. Soit 500 dollars par mois.
  • Il s’agit là uniquement de son salaire de base. Selon le site Salary.com, Yuan a également reçu plus de 800.000 dollars sous forme de « compensation autre ». Dans le communiqué, cette rémunération n’est pas mentionnée parmi les réductions que Yuan s’impose.
  • Pour les autres cadres, la réduction de salaire est moins forte : ils écopent d’une baisse de 20% et renoncent aussi à leurs bonus.
  • Des nouvelles de réductions des coûts très bien accueillies à Wall Street : l’action de Zoom a gagné près de 10% sur la journée de mardi.

« J’ai fait des erreurs »

L’essentiel : la même maladie que la plupart des autres entreprises de la tech américaine.

  • « En tant que PDG et fondateur de Zoom, je suis responsable de ces erreurs et des mesures que nous prenons aujourd’hui – et je veux faire preuve de responsabilité non seulement en paroles, mais aussi dans mes propres actions », explique Yuan pour justifier la baisse de son salaire.
  • L’erreur ? Embaucher à tour de bras, durant la pandémie. Zoom a vu la demande pour ses services exploser dès les premiers jours de la pandémie, avec les confinements qui ont obligé les personnes à travailler depuis chez elles et à voir leurs proches de manière virtuelle. En deux ans, l’effectif a effectivement triplé, précise Yuan.
    • Mais aujourd’hui, les confinements sont loin derrière nous et Zoom a vu la demande chuter de manière considérable.
  • Embaucher à tour de bras durant la pandémie et penser que le boom allait continuer pour toujours : Yuan n’est pas le seul à avoir suivi cette voie. Les acteurs de la Big Tech américaine comme Meta, Alphabet, Microsoft et Amazon ont tous massivement engagé durant la pandémie.

Vague de licenciements dans la tech

Le contexte : la tech licencie sans arrêt.

  • L’année dernière, les entreprises de la tech américaine se sont rendu compte qu’elles avaient eu les yeux plus gros que le ventre, et ont commencé à réduire leurs effectifs.
  • 160.000 personnes ont été remerciées dans le secteur de la tech mondiale en 2022. En ce début de mois de février, le compteur est déjà à 97.520 pour l’année, selon le site layoffs.fyi, qui suit cette évolution méticuleusement. Une vague de licenciements qui reste spécifique à la tech, précisons : ailleurs dans l’économie américaine, le marché du travail est toujours en plein boom, et le chômage au plus bas.
    • Lundi, juste avant Zoom, c’est le constructeur d’ordinateurs Dell qui a annoncé la suppression de plus de 6.000 emplois (5% de ses effectifs). Les quatre acteurs de la Big Tech cités plus haut ont tous supprimé plus de 10.000 postes, ces derniers mois.
  • Dans cette vague de licenciements, la réduction de salaire de Yuan n’est pas la seule, mais elle est, de loin, la plus extrême.
    • Le CEO d’Apple, Tim Cook, a par exemple volontairement réduit son salaire de 40% pour cette année, après des critiques de la part des investisseurs. Apple a, pour l’instant, été épargné par les vagues de licenciement. Cook gagnera 49 millions de dollars cette année.
    • Chez Intel, le CEO d’Intel Pat Gelsinger a vu son salaire réduit de 25% cette année. Chez Google, Sundar Pichai a annoncé réduire ses bonus de manière « significative », mais n’a pas donné de chiffres.
    • Le patron de la banque Goldman Sachs, David Solomon, a subi une réduction de 30% en 2022 pour gagner 25 millions en tout (et la banque a dû réduire ses effectifs de 6,5%). Son homologue de Morgan Stanley, James Gorman, a perdu 10% de son salaire, et a gagné 31,5 millions de dollars.
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