Le mea culpa des grands patrons de la tech et des grandes banques fait une autre victime : leur salaire

Les grandes entreprises mondialisées de la tech et de la finance traversent une très mauvaise passe, avec des bénéfices en chute et des perspectives peu réjouissantes pour 2023. Une nouvelle tendance se dégage pour éponger les pertes : réduire le salaire des grands dirigeants. Après avoir réduit la voilure.

Même si l’économie semble tenir le coup, la menace d’une récession plane toujours au-dessus des bourses, et certaines grandes entreprises doivent d’abord se remettre d’une année très difficile : 2022 a été la pire année du S&P 500 depuis 2008. À tel point qu’un nombre croissant d’entre elles envisagent des réductions de salaire par le haut, après les réductions des effectifs par le bas.

  • David Solomon, PDG de Goldman Sachs a vu sa rémunération réduite de près de 30 % en 2022.
  • Apple a annoncé que le salaire de Tim Cook serait réduit de 40%.
  • James Gorman, le PDG de Morgan Stanley, a vu son salaire diminuer de 10%.
  • De même chez Alphabet, la société mère de Google : le PDG Sundar Pichai a annoncé que les cadres supérieurs subiraient une réduction de salaire « très importante », et il fait logiquement partie du lot.

Des montants qui restent mirobolants

Il ne faut toutefois pas trop s’inquiéter pour le portefeuille de nos chers patrons milliardaires : James Gorman a touché 31,5 millions de dollars en rémunération totale pour 2022, tandis que Tim Cook peut encore compter sur une enveloppe de 49 millions de dollars. C’est encore bien assez pour ne pas devoir faire ses courses chez Walmart.

« Il s’agit d’une démonstration de solidarité. Les PDG doivent partager la douleur. Mais ils sont toujours surpayés. Laissez-moi être très clair à ce sujet. »

Nell Minow, vice-présidente de ValueEdge Advisors, citée par CNN

La grande générosité de 2021

Un détail qui a son importance : si les PDG voient leurs rémunérations de 2022 se réduire, en général celles-ci avaient plutôt augmenté l’année précédente.

  • Parmi les 500 plus grandes entreprises publiques en termes de revenus, le PDG médian a gagné 14,2 millions de dollars au cours de l’exercice 2021, soit une hausse de 18,9 % par rapport à l’année précédente, selon les dernières recherches d’Equilar, une firme spécialisée dans les analyses de donnée des entreprises.
  • Une augmentation encore plus significative dans le secteur de la tech, qui avait traversé l’année 2021 comme un cru très rentable : la rémunération médiane des PDG du secteur a bondi de 42,1 % cette année-là pour atteindre 19,1 millions de dollars, toujours selon Equilar.
  • Si l’ont fait le calcul, beaucoup de patrons s’en sortent donc avec une marge de progression, fût-elle plus ténue, sur les salaires des trois années précédentes.

Un changement de philosophie ? Ce qui est neuf, c’est que les PDG reconnaissent des erreurs de gestion devant les conseils d’administration.

  • Plusieurs grands patrons de la tech ont reconnu que l’enthousiasme du secteur en 2020-2021 a motivé des embauches massives de personnel qui ont ensuite pesé sur les performances des entreprises. Faible consolation toutefois pour les milliers de personnes qui se retrouvent maintenant dans le collimateur : on évoque 120.000 licenciements au total dans les secteurs de la technologie et des banques.
  • Les grands PDG devront redoubler d’efforts en 2023, alors que les prédictions ne sont pas forcément optimistes.

« Le problème avec les rémunérations traditionnelles, c’est qu’il n’y a que des avantages et aucun inconvénient. Les PDG obtenaient souvent tout le crédit et l’argent pour les périodes fastes et accusaient ensuite El Niño ou une autre force extérieure pour les périodes plus difficiles. Aujourd’hui, ils sont contraints d’accepter davantage de responsabilités. »

Nell Minow
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