L’Euro est à vendre

Peut-on faire plus ironique ? Au moment même où l’euro est à son plus bas niveau par rapport au dollar depuis 20 ans, son image est également en vente.

La grande statue bleue de l’euro, qui se dresse devant l’ancien siège de la banque centrale à Francfort, est en cours de vente.

Mesurant 14 mètres de long, l’œuvre est devenue la vitrine mondiale de la monnaie unique dès sa création. Elle a d’ailleurs coïncidé avec l’introduction des billets en euros en 2001. La statue bleue aux étoiles jaunes a survécu aux crises financières et de la dette souveraine. Mais aujourd’hui, elle est tout simplement devenue trop coûteuse à entretenir.

Cette maintenance coûte environ 120.000 euros par an. Mais le Frankfurter Kultur Komitee (FKK), qui est responsable de l’oeuvre, ne touche pas plus de 35.000 euros. Ceux-ci sont principalement collectés auprès des particuliers. Le vandalisme croissant et le manque de parrainage obligent désormais la FKK à mettre l’œuvre aux enchères d’ici octobre.

Les banques ne sont pas intéressées

« Le symbole de l’euro est le motif le plus photographié à Francfort, de nombreuses banques font de la publicité avec. Il ne serait que juste que les coûts soient partagés », a déclaré Manfred Pohl, qui dirige le FKK.

Au cours des 12 derniers mois, 110 banques ont été approchées pour un éventuel achat. Mais 90 d’entre eux n’ont même pas pris la peine de répondre. Même la BCE, qui contribue à hauteur de 15.000 euros par an à son entretien, n’est plus intéressée. L’œuvre d’art de 14 mètres de haut et de 50 tonnes trouvera donc probablement sa place chez un particulier.

L’Euro en perte de vitesse

La mise en vente de l’œuvre intervient à un moment particulier; ce mardi, l’euro a en effet atteint son plus bas niveau depuis près de 20 ans face au dollar américain, à 1,0306 dollar pour un euro. La crise de l’énergie à laquelle est confrontée l’Europe depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie est en partie responsable de sa chute, alors que la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine – qui ne cesse d’augmenter ses taux d’intérêt pour contrer l’inflation – n’a fait que tirer le dollar vers le haut.  

(JM)

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