L’euro à son plus haut niveau depuis avril 2018: le consommateur gagne, l’investisseur perd

L’euro a atteint son plus haut niveau en plus de deux ans à 1,2084 dollar américain. Cependant, cette augmentation n’est pas bien accueillie par tout le monde.

Le dollar américain est la monnaie de réserve la plus importante au monde. En temps de crise, cette valeur refuge attire les investisseurs, car elle est rassurante. Avec l’arrivée des vaccins, les marchés financiers se montrent de plus en plus optimistes. Le dollar perd donc de son attrait et l’euro en profite.

Les gagnants

Un euro fort est avant tout une bonne nouvelle pour ceux qui achètent des produits en dehors de la zone euro et plus particulièrement aux États-Unis. Parce que le dollar est plus faible, il devient plus intéressant d’acheter des produits américains, du moins si la facture est payée en euro. Certains magasins facturent en effet exactement le même prix, quelle que soit la devise utilisée. C’est le cas par exemple de la PlayStation 5, qui coûte 500 dollars aux États-Unis et 500 euros dans l’Union européenne.

Ceux qui voyagent aux États-Unis peuvent également profiter d’occasion en or avec un euro fort. Vous pouvez alors dépenser beaucoup plus de l’autre côté de l’Atlantique avec le même montant d’euros. Malheureusement, avec la crise sanitaire, aller aux États-Unis n’est pas une option pour beaucoup de gens.

Un dollar faible favorise également un prix plus bas à la pompe. Le prix du pétrole est en effet exprimé en dollars. Il est donc moins coûteux d’acheter du pétrole brut quand le taux de change en dollars est faible. Une baisse soutenue de ce taux pourrait se concrétiser par une diminution du prix de l’essence et du diesel. Les personnes qui doivent remplir leur cuve à mazout pourraient aussi voir leur facture diminuer. Même si on sait qu’en Belgique ce sont surtout les accises qui influencent le prix.

Mais le cours du pétrole dépend de différents facteurs, dont le plus important est certainement l’offre et la demande. Si la population consomme plus de pétrole, le prix augmentera. L’OPEP, l’organisation des pays producteurs de pétrole, joue aussi un rôle en décidant du nombre de barils produits quotidiennement. Les dirigeants se réuniront à nouveau jeudi pour décider des nouveaux quotas pour début janvier. Lundi, ils n’étaient pas arrivés à un accord.

Les perdants

Mais l’euro fort ne fait pas que des heureux. Les produits exportés depuis la zone euro sont plus chers, surtout pour les Américains. Ils doivent mettre plus de dollars sur la table pour acheter le même panier de produits. Les entreprises européennes qui exportent risquent donc de voir le nombre de commandes baisser. C’est particulièrement désagréable pour un pays exportateur comme la Belgique.

Les produits importés moins chers pèsent aussi sur l’inflation. La Banque centrale européenne fait tout ce qui est possible pour la stimuler et la maintenir autour des 2%. Mais avec le dollar en baisse, l’inflation est tombée en dessous des 0% en octobre pour la troisième fois de l’année.

Enfin, il y a le risque de change pour les investisseurs européens. Ceux qui possèdent des actions américaines verront leur rendement s’envoler s’ils vendent leurs actions maintenant.

Par exemple, si un investisseur a acheté pour 1.000 euros d’actions américaines l’an dernier, il a reçu des actions d’une valeur de 1.100 dollars. En imaginant que leur valeur a augmenté de 10% en un an, cette personne détient alors 1.210 dollars d’actions. Si elle revend au taux de change actuel, elle ne recevra que 1.004 euros, soit un rendement de seulement 0,4%.

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