Les conséquences de la débacle afghane : « On va assister à un nouveau 11 septembre »

Mardi, Joe Biden a confirmé dans un discours au peuple américain que la décision de retirer ses troupes d’Afghanistan était la bonne, malgré une pluie de critiques. Si le sort réservé aux Afghans restés sur place ne semble pas l’émouvoir, le risque de répercussions sur des attentats aux Etats-Unis et ailleurs en Occident aurait peut-être pu l’alerter davantage. Mais ça n’a pas été le cas. Pourtant, d’après plusieurs experts, ce risque est plus que réel.

Ce n’est pas faute de l’avoir souligné: l’Afghanistan va devenir un terreau très fertile pour l’organisation d’attentats ailleurs dans le monde. Dans son discours prononcé mardi, Joe Biden s’est pourtant montré confiant.

« À l’État islamique au Khorassan: nous n’en avons pas fini avec vous. À ceux qui souhaitent du mal à l’Amérique – sachez que les USA ne s’arrêteront jamais. Nous n’oublierons jamais. Nous vous traquerons jusqu’aux confins du monde & nous vous ferons payer le prix ultime », a-t-il notamment lancé.

Propos similaires du côté du secrétaire américain à la Défense, Antony Blinken. « Nous resterons vigilants en surveillant nous-mêmes les menaces et nous maintiendrons de solides capacités de lutte contre le terrorisme dans la région pour neutraliser ces menaces si nécessaire – comme nous l’avons démontré ces derniers jours en frappant des facilitateurs d’ISIS et même des menaces en Afghanistan, et comme nous le faisons dans des endroits du monde où nous n’avons pas de forces militaires sur le terrain », a-t-il déclaré.

Al-Qaïda

Malgré cette assurance apparente, force est de constater que le risque d’attentat en Occident va s’accroître suite au retour des talibans au pouvoir. Khalid Noor, membre de l’équipe de négociation de paix de l’ancien gouvernement afghan, actuellement réfugié au Qatar, a confié ses craintes auprès de la CNBC. D’après lui, si la communauté internationale abandonne l’Afghanistan, cela finira par lui retomber dessus.

« Nous l’avons dit très clairement: si la communauté internationale répète la même erreur que par le passé, la guerre et … le terrorisme atteindront à nouveau leurs portes, atteindront à nouveau leurs villes. Et une fois de plus, ils seront (…) témoins d’un autre 11 septembre », a-t-il signalé. « Il est très important à ce stade, d’être très prudent sur ce qu’il faut faire avec les talibans ».

Si M. Noor se montre si sûr de lui, c’est car il sait que les talibans sont toujours très proches d’Al-Qaïda, l’organisation terroriste qui a, entre autres, organisé les attentats du 11 septembre 2001. L’Afghanistan n’aurait « jamais coupé ses liens avec les groupes terroristes internationaux », a-t-il prévenu, vidéo montrant un proche allié d’Oussama Ben Laden de retour au pays à l’appui.

Même avertissement du côté de Thomas Joscelyn, chargé de recherche à la Fondation pour la défense des démocraties. « L’un des grands mythes aux États-Unis et dans les milieux politiques est que les talibans et Al-Qaïda ne sont pas liés les uns aux autres », a-t-il regretté. « Ils sont aussi étroitement alliés aujourd’hui qu’ils l’étaient dans les années 1990, peut-être même plus proches à certains égards. C’est en grande partie une victoire pour Al-Qaïda, en plus des talibans ».

Cette année, un rapport des Nations unies était d’ailleurs parvenu à une conclusion similaire: les talibans et Al-Qaïda « restent étroitement liés et ne montrent aucun signe de rupture des liens ». Même si les talibans le nient.

« Le peuple afghan se lèvera contre les talibans »

En parallèle de ce mauvais présage, M. Noor a expliqué ce que l’ancien gouvernement afghan et lui comptaient faire maintenant qu’ils ont perdu le pouvoir au profit des talibans: négocier. En vue de créer un « gouvernement inclusif », où les différentes ethnies sont représentées.

« Évidemment, j’ai des doutes sur les négociations, mais nous ne voulons pas forcer la guerre dans le pays, c’est pourquoi nous nous préparons à négocier », a-t-il déclaré.

Si les négociations ne fonctionnent pas, il assure que « la résistance prendra forme ». « Mon peuple se lèvera. Nous retournerons tous en Afghanistan et nous résisterons aux talibans », a-t-il assuré.

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